Trois personnes ont trouvé la mort dans les affrontements qui ont opposé hier, lundi 11 février, les militants de la coalition «Benno Bokk Yaakar», proche du candidat Macky Sall, à ceux du Parti de l’unité et du rassemblement (PUR) du professeur Issa Sall.
La première victime, Ibou Diop, tailleur de son état, est un militant de l’Alliance pour la république (APR), le parti présidentiel. Il a trouvé la mort à Tamba, dans la matinée de lundi, après des affrontements entre la garde de Issa Sall, candidat du Parti de l'Unité et de la Réforme (PUR), venu en campagne dans la capitale de l'oriental sénégalais et les militants de l'APR.
Selon un journaliste qui suivait le candidat Issa Sall, les partisans de la coalition présidentielle auraient déchiré des affiches du PUR, alpors que d'autres militants ont voulu faire pareil avec celles de l'APR.
De fil en aiguille, ils en sont venus aux mains. Pris à partie et se sentant menacée par une foule immense, la délégation d'Issa Sall qui voulait quitter Tamba a renversé le conducteur d'un moto-taxi, qui a lui aussi trouvé la mort, vers 13 heures. En fin d'après-midi de ce mardi, une troisième victime est décédée, des suites de ses blessures.
Lire aussi : Sénégal. Présidentielle: Abdoulaye Wade promet le «feu» à Macky Sall
Toujours dans cette tentative de s'extirper de Tamba, le bus transportant les journalistes qui couvrent la campagne du PUR a fait un accident en percutant un obstacle. Résultat: 7 blessés dont 2 graves...
Les forces de l'ordre ont rattrapé la délégation du PUR sur la route Tamba-Goudiri, ont désarmé la garde rapprochée de Issa Sall, ce qui a poussé ce dernier à suspendre sa campagne.
Il s'agit certes là, des premières victimes, suite à des violences électorales, mais il y en avait eu d'autres, auparavant.
Ces morts viennent compléter une liste noire, déjà établie.
Dans l'après-midi du dimanche 10 février, 4 gendarmes, faisant partie des éléments jallonant la route lors du passage présidentiel, avaient péri dans un accident qui est survenu à une vingtaine de kilomètres, au Nord-Est de la commune Sédhiou, en Casamance.
Le camion qui les transportait s’est renversé, faisant, en dehors des quatre gendarmes décédés, 8 blessés.
Macky Sall, lors de son discours après ce tragique évènement s'est dédouané en affirmant: "je vous rassure, ils ne faisaient pas partie de notre convoi", ce qui lui a attiré les foudres des internautes, sur les réseaux sociaux.
Trois jours plus tôt, un jeune conducteur de moto-taxi, Youssou Diallo, est mort après avoir été heurté par un convoi mené par Idrissa Seck, candidat de la coalition, «Idy Président 2019».
Cet accident s’était aussi produit à Koupentoum, dans la région de Tamba, théâtre hier du décès de trois personnes.
Le chauffeur du professeur Coumba Ndoffène Diouf, partisan de Me Madické Niang, avait, lui aussi, été tué dans un accident dans la région de Fatick, le fief de Macky Sall.
Même si elle est moins violente, la mort la militante de l'APR, Aïda Sidibé, est à mettre sur le compte de cette campagne électorale. Elle décédée des suites d’un malaise, à la permanence du parti à Saint- Louis.
Ce bilan cache des évènements qui assombrissent davantage ce tableau.
Le Parti Pastef du candidat Ousmane Sonko a été victime de plusieurs attaques de nervis recrutés par la mouvance présidentielle.
Lire aussi : Sénégal. Présidentielle: la majorité parlementaire s’acharne sur le candidat Ousmane Sonko
Le 4 février à Saint-Louis, des militants de la coalition "Sonko" Président avaient été violemment agressés par des individus supposés appartenir aux «Marrons du feu», la milice privée recrutée par les partisans du candidat sortant, Macky Sall.
Et dans la nuit du dimanche 10 au lundi 11, des actes de violences ont eu lieu à Fatick, contre des militants de Pastef qui ont été agressés au sein même de leur siège. Bilan: deux blessés graves, l'un à la tête,alors que l'autre s'est retrouvé les jambes brisées à coups de matraque.
A la veille de la campagne, le siège de Pastef à Dakar a d'ailleurs été saccagé par des supposés nervis appartenant à la milice de la mouvance présidentielle.
A la mise en place de cette milice, des organismes de défense des droits de l’homme et la société civile s’étaient élevées pour dénoncer cette initiative du parti au pouvoir, qui pouvait engendrer des violences électorales.
Mais aucune mesure n'a été prise pour une totale sécurité des candidats et des militants tout au long de cette campagne électorale.
Alors que le contexte électoral est déjà très tendu, le ministre de l'Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, refuse de mettre à la disposition des candidats la protection nécessaire qui aurait pu apaiser la campagne.
En conséquence, d'autres actes de violences sont certainement à prévoir.