Le Sénégal, qui a connu deux alternances, en 2000 et en 2012, et aucun coup d'Etat, est présenté comme un modèle de démocratie en Afrique, mais les campagnes électorales y sont souvent émaillées d'accusations de corruption, de désinformation et de violences.
"Le Sénégal est une République qui marche", a déclaré le ministre de l'Intérieur Aly Ngouille Ndiaye, lors d'une rencontre avec l'Association de la presse étrangère au Sénégal (APES), rappelant que le pays "a l'habitude d'organiser des élections".
L'opposition dénonce l'invalidation des candidatures des deux principaux rivaux potentiels du président Macky Sall, le fils et ancien ministre d'Abdoulaye Wade (2000-2012), Karim Wade, et le maire déchu de Dakar Khalifa Sall, tous deux frappés par des condamnations judiciaires.
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"Dans ce pays-là, on ne peut pas, on ne peut plus truquer des élections", a assuré le ministre, se félicitant d'un taux de retrait de plus de 96% des cartes d'identité biométriques servant à voter.
Rentré au Sénégal la semaine dernière, M. Wade, a appelé à empêcher l'élection du 24 février, "verrouillée" selon lui pour assurer la reconduction de Macky Sall, conviant notamment ses partisans à brûler le matériel électoral. Il a de nouveau appelé mercredi à s'"attaquer aux bureaux de vote".
Dans un communiqué jeudi le gouvernement "condamne fermement cette attitude permanente de subversion, d'appel à la violence et à l'insurrection, de provocation et de défiance à l'encontre de la loi et des institutions de la République. "Ceux qui tenteront de perturber la libre expression du suffrage des Sénégalais seront punis conformément à la loi", prévient-il. Une manace adressée directement au président Abdoulaye Wade qui reste l'homme politique le plus populaire.
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Le ministre de l'Intérieur a souligné que l'ex-président était coutumier des menaces de ce type, restées généralement sans écho. En 2015, "il disait qu'on n'allait pas juger son fils, que le pays allait être à feu et à sang. Son fils a été jugé, il a été condamné, il a été emprisonné, rien ne s'est passé", a-t-il rappelé.
M. Ndiaye a par ailleurs indiqué que le chef de la police de Tambacounda (est), où deux partisans de la coalition au pouvoir ont été tués le 11 février dans des violences avec ceux du candidat du Parti de l'Unité et du rassemblement (PUR), Issa Sall, avait été relevé de ses fonctions.
Le lendemain, le ministre a annoncé que la police et la gendarmerie assureraient désormais la protection de l'ensemble des candidats, et non plus du seul chef de l'Etat.
Une décision saluée par un autre candidat, Madické Niang. "Ca va permettre que l'on ne puisse pas faire l'objet de provocations", a-t-il déclaré à l'AFP.