"Hier, le doute m'a submergée lorsque j'ai vu la marche se dresser devant moi", a déclaré celle qui contrôlait jusqu'à présent d'une main de fer le service de presse du président Emmanuel Macron.
"C'est d'ailleurs vers les miens, ma famille, mes amis que je me suis tournée. Je veux les remercier ici très profondément du soutien qu'ils m'ont apporté, c'est aussi au Sénégal, le pays de ma naissance, que j'ai puisé le courage de gravir cette marche en toute humilité", a-t-elle ajouté lors de la passation de pouvoirs avec l'ancien porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, qui a démissionné pour briguer la mairie de Paris.
"C'est dans mon enfance que j'ai été chercher ces paroles souvent prononcées par nos parents pour nous aider, mes sœurs et moi, à briser les plafonds de verre : +Là où tu es, tu es à ta place+. La France m'a beaucoup donné. Aujourd'hui, c'est à mon tour de le lui rendre", a-t-elle poursuivi lors d'une brève déclaration avant de s'engouffrer dans ses nouveaux bureaux.
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Native de Dakar, naturalisée en 2016, cette Franco-sénégalaise de 39 ans est entrée à l'Elysée, le palais présidentiel, en tant que conseillère pour la presse, après avoir occupé la même fonction au ministère de l'Economie quand Macron en détenait le portefeuille, sous le président socialiste François Hollande.
Quand Emmanuel Macron fonde son parti "En marche!", elle l'y suit comme conseillère de presse de la campagne, défendant son candidat bec et ongles. Pour ce faire, elle va jusqu'à traiter un journaliste de "sagouin" et se dit prête à "mentir".
"Je me souviens de sa déclaration qui disait qu'elle assume mentir pour protéger le président (...) elle est plutôt bien adaptée à la fonction qu'on lui demande, je pense qu'elle trouvera toute sa place dans ce gouvernement", a ironisé Manon Aubry, tête de liste pour les élections européennes de la France insoumise (gauche radicale).
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Partisane d'une communication de combat, voire provocatrice, c'est elle qui poste sur son compte Twitter la vidéo sur le "pognon de dingue" que, selon Emmanuel Macron, coûtent les aides sociales, une déclaration qui a suscité une vive polémique.
Son langage a pu choquer. "Yes, la meuf est dead", aurait-elle écrit dans un texto, selon l'hebdomadaire Le Canard Enchaîné, à un journaliste qui lui demandait de confirmer la mort de Simone Veil, ancienne ministre française et grande figure européenne, rescapée d'Auschwitz. Sibeth Ndiaye a démenti avoir envoyé ce message.
Seule femme d'origine africaine dans l'entourage du chef de l'Etat et désormais du gouvernement, elle avait combattu pour une communication de verrouillage quand elle était la conseillère de Macron.
Barrant au maximum tout échange informel du président avec la presse, elle a surveillé étroitement les expressions des conseillers mais aussi des ministres, exigeant souvent de relire leurs interviews avant publication.
Mais elle a assuré que, désormais, elle allait changer son mode d'expression avec sa "nouvelle responsabilité". "Ce ministère, qui bien souvent est considéré comme celui de la parole, je veux d'abord qu'il soit celui de l'écoute", a-t-elle promis.