Sénégal: une série de meurtres cruels horrifie les Sénégalais

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Le 21/11/2016 à 15h31, mis à jour le 21/11/2016 à 15h59

L’assassinat de Fatoumata Matar Ndiaye, vice-présidente du Conseil économique, social et environnemental (CESE), a créé une vive émotion au Sénégal. La série de crimes enregistrés au cours de ces dernières semaines pousse certains à réclamer le retour de la peine de mort.

Après une longue série d’horribles meurtres en l’espace d’un mois, l’horreur est montée d’un cran ce week-end à Dakar. En effet, Fatoumata Matar Ndiaye, responsable des femmes de l’Alliance pour la République (APR, le parti présidentiel) à Pikine et vice-présidente du Conseil économique, social et environnemental (CESE), a été égorgée chez elle.

Les faits ont eu lieu samedi aux environs de 8 heures du matin. Selon les premiers éléments de l’enquête, la vice-présidente du CESE a été poignardée puis égorgée à l’arme blanche. Le meurtrier a aussi poignardé le fils de la victime, qui se trouvait dans la maison, avant de tenter de s’enfuir. Il a été rattrapé par le voisinage, maîtrisé et livré à la police de Pikine, située à quelques mètres de la scène du crime.

«L’enquête a connu des avancées très rapides. Les témoins ont été entendus, les constatations et prélèvements ont été effectués, l’arme du crime (un couteau) a été saisie, la personne soupçonnée, en l’occurrence le chauffeur de la victime (un certain Samba Sow, 30 ans), a été entendu. Il a reconnu les faits et indiqué le mobile de son crime. Il sera déféré et présenté au juge d’instruction pour assassinat», a expliqué le Procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye, lors d’une conférence de presse, ce dimanche à Dakar.

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Ce dernier a aussi précisé que le mobile du crime n’était pas politique. Il semblerait purement financier. Du fait de sa coïncidence avec le jour du Magal de Touba, le statut de la victime et le mode opératoire, ce meurtre a grandement choqué l’opinion. Par la voix de son porte-parole, le khalife général des mourides a profité de la cérémonie officielle du Magal pour condamner cet assassinat lâche et appeler les citoyens à plus de vigilance.

Seulement, il faut rappeler que ce crime odieux s'ajoute à une liste déjà longue en l’espace d’un mois. On peut citer l'assassinat par balles du taximan Ibrahima Samb, la mort d’un jeune étudiant pour une histoire de moins d’un euro, l’assassinat d’un pharmacien et son vigile à Ndioum (région de Saint-Louis), etc. 

Face à ces crimes, l’opinion sénégalaise est révoltée. Les religieux ont élevé la voix en les condamnant énergiquement. Le curé de la cathédrale Saint-Théophile de Kaolack invite l’Etat à prendre toutes ses responsabilités.

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Et en matière de responsabilité, de plus en plus de Sénégalais souhaitent une plus grande fermeté de l’Etat. Pour sa part, Jammra, une Ong islamique, invite l’Etat à organiser un référendum autour du retour de la peine de mort. Et au niveau des réseaux sociaux beaucoup de Sénégalais réclament désormais le rétablissement de la peine de mort pour mettre un terme à ces meurtres en série.

Toutefois, du côté des autorités, Aly Ngouille Ndiaye, ministre de l’Industrie et des mines estime que le gouvernement n’a jamais failli à sa mission sur le plan sécuritaire, avant d’ajouter qu’en ce qui concerne la peine de mort, «c’est une question qui n’est plus d’actualité dans notre pays comme dans beaucoup d’autres pays”.

Par Ibrahima Diallo (Dakar, correspondance)
Le 21/11/2016 à 15h31, mis à jour le 21/11/2016 à 15h59