Sénégal. Médecine traditionnelle: un projet de loi pour recadrer les «tradipraticiens»

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Le 20/06/2017 à 15h08

Désormais, pour pratiquer la médecine traditionnelle au Sénégal, il faudra détenir une autorisation du ministère de la Santé. L’Assemblée nationale se penche sur le projet de loi pour recadrer les tradipraticiens qui prétendent être «spécialisés» dans le traitement de plusieurs pathologies.

Après son adoption en Conseil des ministres au mois de mai dernier, le projet de loi réglementant la pratique de la médecine traditionnelle est examiné au Parlement.

Très prisée par les Sénégalais, cette médecine échappait au contrôle des autorités qui veulent désormais imposer un cadre réglementaire pour minimiser les risques auxquels sont exposés les patients.

Une vérification sera ainsi faite sur les plantes utilisées, les médicaments et les prescriptions. Il sera également procédé au recensement des professionnels en droit d’exercer ce métier.

Si ce projet de loi sur la pratique de la médecine traditionnelle est adopté par l’Assemblée nationale, tout pratiquant devra être détenteur d’une autorisation délivrée par le ministère de la Santé pour continuer à exercer. Ce sera également la fin des médecins traditionnels qui prétendent être «spécialistes» d’une multitude de maladies. Ils seront obligés de déclarer leur «spécialité» dans un domaine bien défini.

Pour avoir dirigé la réécriture du projet de loi sur la médecine traditionnelle, Alphonse Thiaw apporte des éclaircissements sur le but de cette loi. «Dans le passé, nous avions des tas de praticiens qui étaient des professionnels de tout, qui savaient tout faire. Avec cette nouvelle loi, on a sérié les spécialisations dont quelqu'un peut se réclamer», a-t-il fait savoir.

Concernant les plantes médicinales, un laboratoire de contrôle sera désigné pour déterminer leurs propriétés, leur dosage, leur mode d’administration et leur date de péremption. Ce n’est qu’après la prise de telles dispositions que les médicaments pourront être autorisés à la commercialisation.

A la différence de ce qui se passe actuellement, toute publicité dans les différents médias, concernant ces médicaments autorisés à la vente, sera interdite dès l’adoption et la mise en vigueur de cette loi sur la réglementation de la médecine traditionnelle.

Selon Abdoulaye Ndao, président de la Fédération sénégalaise des praticiens de la médecine traditionnelle, «il faut mettre fin à la présence sans contrôle des prétendus praticiens qui administrent des traitements et vendent des médicaments traditionnels qui ne répondent à aucune norme».

Toutefois, les professionnels de la médecine moderne restent sceptiques concernant l’efficacité d’une telle loi sur les mauvaises pratiques qui causent quelques fois de réels problèmes de santé publique et exposent les patients à d’autres pathologies.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 20/06/2017 à 15h08