Sénégal: lutte contre le braconnage qui alimente le terrorisme

Ivoires d'éléphants

Ivoires d'éléphants. DR/

Le 25/08/2017 à 15h16, mis à jour le 25/08/2017 à 15h22

780 pièces d’ivoire ont été saisies au marché artisanal de Soumbédioune, à Dakar. La Direction des Eaux et forêts et la sûreté urbaine de Dakar déclarent la guerre aux braconniers et aux trafiquants d’ivoire. Le braconnage est devenu une source de financement du terrorisme au niveau de la région.

Une importante saisie d’ivoire d’éléphant, d’hippopotame, de phacochère a eu lieu au marché artisanal de Soumbédioune de Dakar. Les hommes du commissaire El hadj Cheikh Dramé, chef de la sûreté en collaboration avec la Direction des Eaux et forêts et l’association WARA-SALF qui œuvre pour la conservation de la biodiversité tropicale, ont mené une vaste opération de lutte contre le trafic illégal d’ivoire.

Ces trois entités ont procédé à des arrestations de personnes pour détention et commercialisation de produits issus du braconnage.

Elles ont ainsi interpelé 2 individus suspectés de trafic d’ivoire et 3 de leurs complices pour commerce illégal international d’ivoire d’éléphant, d’hippopotame, de phacochère et de dents de lion. Et la perquisition des domiciles de suspects a été concluante.

Ainsi, 780 pièces d’ivoire dont 403 pièces d’ivoire de phacochère ont été saisies, représentant au total 20 kg d’ivoire. La police et les services eaux et forêt ont aussi trouvé des dents d’hippopotame et des dents de lion. Parce qu’elles sont menacées d’extinction dans les 20 ans qui viennent si leur chasse n’est pas arrêtée, ces espèces sont toutes protégées.

Actuellement en garde à vue au commissariat central de Dakar, les deux individus arrêtés et leurs complices pourraient écoper de peines de prison pouvant aller jusqu’à 1 an de prison ferme, s’ils sont traduits en justice.

A travers ces arrestations et cette saisie d’ivoire, les autorités du pays donnent un sérieux avertissement aux trafiquants qui seraient tentés d’exercer cette activité illégale, dans le territoire sénégalais. Par la même occasion, l’Etat du Sénégal veut porter un coup d’arrêt au commerce illégal de produits issu du braconnage et poursuivre sa lutte contre le crime organisé.

Un trafic très lucratif qui profite au terrorisme

Il faut noter que le trafic d’ivoire rapporte beaucoup aux trafiquants. Chaque année, les gains illégaux de cette contrebande peuvent atteindre 20 milliards de dollars au niveau mondial. Ce sont surtout des personnes liées au crime organisé, impliquant les trafics d’armes, de drogue et le blanchissement d’argent, qui la pratiquent.

Pire encore, des organisations terroristes comme Al Shabab, les Jenjawids et Boko haram sont citées parmi ceux qui s’adonnent à ce trafic. Afin de trouver des ressources financières à leur armement et à l’entretien de leurs troupes, ces organisations sont passées maîtres dans le braconnage en Afrique. A titre d’exemple, 40% du financement du groupe terroriste Al Shabab, présent en Afrique de l’Est et du Centre, proviendrait des cette activité illégale de braconnage.

Et si cette lutte contre le trafic d’ivoire qui finance le terrorisme, n’est pas menée de manière constante et impitoyable, des pays de l’Afrique de l’ouest comme le Mali, le Burkina Faso, le Niger, et même le Sénégal ne seront pas épargnés par la menace jihadiste.

Comme l’attestent les chiffres communiqués par la Mission onusienne de maintien de la Paix (MINUSMA), au Mali, depuis 2015, 1/5e de la population d’éléphant a été massacré par les braconniers qui fournissent de l’ivoire aux trafiquants. Dans cette contrebande, les Nations Unis pointent du doigt les principaux groupes jihadistes en activité dans le nord-Mali.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 25/08/2017 à 15h16, mis à jour le 25/08/2017 à 15h22