Aux Etats-Unis, les pionniers avait choisi de remercier le Seigneur après que l'abondance ait succédé à une longue et rude période de sécheresse. La fête de Thanksgiving est ainsi née et se perpétue depuis plusieurs génération. Au Sénégal, les Mourides ont le grand Magal, un jour exclusivement dédié à la reconnaissance envers Allah pour avoir accordé au Cheikh Ahmadou Bamba ses bienfaits. Cette année, le rendez-vous se tient à Touba ce dimanche 28 octobre, correspondant au 18 Safar 1440.
Venus de tous les coins du Sénégal, les fidèles convergent vers Touba, la ville sainte fondée par le Cheikh qui, pendant 7 ans et 7 mois, a été contraint à l'exil dans la Forêt gabonaise.
Le Cheikh Ahmadou Bamba a été arrêté à Djéwal, actuelle région de Louga, par un détachement des autorités coloniales françaises, le 10 août 1885, correspondant 18e jour du mois de Safar de l’an 1313 de l’hégire. Son arrestation fait suite à un procès expéditif qui s’est tenu, le 5 septembre de la même année, à la salle de délibération du Conseil privé qui s’est tenu à la Gouvernance de Saint-Louis. A l’issue d’un verdict sans appel, les autorités coloniales françaises ont décidé «à l’unanimité, après avoir entendu les rapports de M. Merlin et Leclerc, et fait comparaître Ahmadou Bamba, qu’il y avait lieu de l’exiler au Gabon».
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La seule question qui revenait en boucle chez disciples de Cheikh Ahmadou Bamba est celle de savoir pourquoi le pouvoir colonial a voulu envoyer en exil un homme aussi inoffensif et non violent?
Et comme unique réponse, les autorités coloniales ont déclaré vouloir «l’exiler jusqu’à ce que l’agitation causée par ses enseignements soit oubliée au Sénégal». Et c’est cette même date du 18 Safar que Cheikh Ahmadou Bamba a indiquée comme jour d’action de grâce et de fête.
Ce qui étonne surtout, c’est le fait qu’il ait choisi le jour où avaient commencé ses épreuves pour rendre grâce à Dieu. «C’est à Diourbel, en 1921 que le Cheikh Ahmadou Bamba avait lancé son appel qui retentit encore chez tous les Mourides», avait l’habitude de dire Cheikh Abdoul Ahad, le troisième Khalife général des Mourides.
C'est Khadimou Rassoul, lui-même qui explique les raisons pour lesquelles, il a lancé cet appel. «Quant au bienfait que Dieu m’a accordé, ma seule et souveraine gratitude ne le couvre plus, par conséquent j’invite toute personne qui se réjouit de mon bonheur personnel, à s’unir à moi dans la reconnaissance éternelle à Dieu, chaque fois que l’anniversaire de ce jour la trouve sur terre», avait dit le Cheikh.
«Dieu m’a accordé des dons prodigieux qu’il n’a jamais accordés et qu’il n’accordera jamais à un contingent.» « Je ne doute guère de ma qualité de voisin intime du Créateur de l'univers; quel magnifique état!» «Les faveurs extraordinaires, innombrables que j’ai obtenues de Dieu ne se comptent plus dans l’univers et c’est cela, mon bonheur», lit-on aussi dans ses écrits.
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Selon ses moyens, chacun est invité par le Cheikh Ahmadou Bamba, à célébrer ce jour du 18 Safar, à chaque fois que l’occasion se présente. Et c’est l’une des plus fortes recommandations de Cheikh Ahmadou Bamba.
Du temps de Cheikh Mouhamadou Moustapha, (1927-1945), le Magal était célébré individuellement par chaque famille. C’est Cheikh Mouhamadou Fadel Mbacké, le deuxième Khalife de Ahmadou Bamba qui appela les «talibés» «disciples Mourides» à venir à Touba pour célébrer le Grand Magal. Et depuis cet appel lancé en 1948, les «talibés» se rassemblent chaque année, à cette date du 18 Safar pour le Grand Magal.