Les familles des victimes sénégalaises du Covid-19 décédées à l’étranger sont dans un désarroi total. En effet, la Cour suprême, qui avait été saisie par les membres de la diaspora pour lever l’interdiction de rapatriement des corps, a estimé qu’il y avait «un risque plausible» justifiant la mesure.
Une décision qui a mis dans tous ses états l’avocat du collectif mis en place par les Sénégalais résidant à l’étranger.
«Quand on nous dit qu’on ne peut pas trancher [avant de] revenir vers nous pour admettre un risque plausible, on est dans ce qu’on appelle une motivation hypothétique et dubitative», estime Me Assane Dioma Ndiaye.
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Il est d’avis que «même en état d’urgence, le juge administratif de la Cour suprême conserve son pouvoir d’appréciation» et aurait dû statuer dans un autre sens.
À la lecture du verdict, beaucoup de familles se disent dévastées et subir une double peine: celle de n’avoir pas pu être aux côtés de leurs proches dans leurs derniers instants et celle de ne pouvoir respecter leurs dernières volontés.
Présent dans plus de 30 pays, le Collectif pour le rapatriement des Sénégalais décédés du Covid-19 ne voulait visiblement pas accepter que les corps de leurs compatriotes soient enterrés à l’étranger ou, pire, incinérés. Ses membres avaient donc attaqué la décision du gouvernement du Sénégal devant la Cour Suprême, qui disposait de 48h pour trancher l’affaire.
Ils estimaient que cette décision de l’Etat violait les libertés fondamentales des Sénégalais. Le Collectif faisait savoir que «Par différents canaux et à titre gracieux, le collectif a demandé aux autorités compétentes l’annulation de cette décision qui remet en cause le droit fondamental des familles d’enterrer leurs morts au Sénégal.»
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Un communiqué dans ce sens avait été rendu public le 12 avril, suivi d’une lettre, datée du 15, adressée au ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur. Une nouvelle correspondance, du 19 avril, sollicitait une dérogation auprès du même ministre, en attendant une levée totale de la mesure. Face au silence des autorités saisies, le Collectif s’était ensuite adressé directement au président de la République, dans une correspondance à la fois ouverte et protocolaire, en date du 29 avril, avant de saisir la Cour suprême le 5 mai.
Ces démarches n’ont pas fait revenir l’Etat du Sénégal sur sa politique sanitaire, et le jugement rendu par la Cour risque de clore le débat pour les familles endeuillées.