Mondial-2018: Sénégal, les anciens préviennent contre l'"euphorie"

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Le 24/06/2018 à 06h32

"Attention à l'euphorie": après la victoire 2-1 contre la Pologne, le Sénégal ne doit pas pécher par excès de confiance lors du choc du groupe H dimanche contre le Japon (15H00 GMT), estiment deux grands anciens de la "génération 2002".

Ah, qu'elle était insouciante, cette équipe "des Lions de la Teranga", qui pour sa première participation à un Mondial il y a 16 ans s'était d'emblée payé le scalp des Français (1-0), champions du Monde et d'Europe en titre, et avait atteint les quarts de finale, se souvient l'ancien attaquant Amara Traoré, qui a participé de l'épopée asiatique.

Dans ses rangs, évidemment, que des novices à ce niveau de compétition, dont les "ambianceurs" Hel-Adji Diouf, auteur de la passe décisive contre les Bleus, ou le milieu offensif de l'AJ Auxerre, Khalilou Fadiga.

"Après le match, on battait le tam-tam, on dansait et ainsi de suite", raconte Amara Traoré, interviewé par l'AFP dans sa ville natale de Saint-Louis (nord).

Après le "coup" réussi contre la bande à Zidane, les choses s'étaient toutefois compliquées pour les hommes de Bruno Metsu, accrochés par le Danemark (1-1) lors de leur deuxième match de poule, et qualifiés pour le second tour grâce à un match nul arraché de justesse face à l'Uruguay de Diego Forlan (3-3 après avoir mené 3-0).

Emmené par leur capitaine Aliou Cissé --l'actuel sélectionneur des Lions--, le Sénégal, après avoir battu la Suède (2-1) en 8e, avait sans doute payé son manque de récupération et s'était incliné en quart contre la Turquie (1-0 après prolongation).

Oublier la Pologne

Pour espérer faire aussi bien, voire mieux, en Russie, il faut que Sadio Mané et les siens cherchent "d'emblée à oublier le match" contre la Pologne, estimait jeudi dans le journal sénégalais Walf Quotidien El-Hadji Diouf, pour qui le match contre les Samouraïs "va être difficile".

Comme le Sénégal, le Japon, qui a fait tomber la Colombie (2-1) lors de sa première apparition en Russie, visera à l'emporter "pour assurer la qualification au second tour dès le deuxième match de poule", relève El-Hadji Diouf, révélation du Mondial 2002 au fort caractère.

"Notre faiblesse, c'est l'ego qu'on risque d'avoir. Il faut être capable de gérer ce succès" contre la Pologne, estime également Amara Traoré, qui a par la suite été sélectionneur du Sénégal (2009-2012).

"Il faut faire attention. On n'est pas encore qualifié, il reste deux matches", insiste l'ex-joueur de Gueugnon, en se réjouissant de l'expérience de l'encadrement sénégalais, en partie composé d'anciens de 2002, dont le gardien Tony Sylva.

Aliou Cissé est "un bon stratège", qui a su construire une équipe sans dévoiler son jeu pendant la préparation, dit aussi Amara Traoré. "On a vu une équipe solide, organisée, avec un bloc d'équipe très flexible et qui a eu de l'audace".

Originalité africaine

Le Sénégal, sur lequel, avec le Nigeria, reposent les derniers espoirs de l'Afrique, doit éviter d'essayer d'imiter les nations européennes comme la France, sinon, il aura "tout faux", assure le technicien de 52 ans.

"Gardons notre originalité africaine, faite de beaux gestes, d'altruisme et de bon sens. Le football africain n'est pas fait pour attendre dans sa zone".

Pour cela, Bruno Metsu, décédé en 2013 et inhumé près de Dakar, reste un exemple.

S'il pouvait "hurler à faire trembler le stade en Corée" lors de ses séances tactiques avant le match contre la France, c'était aussi un modèle de psychologie et un "entraîneur libéral", se souvient Amara Traoré.

"Bruno, il libérait ses joueurs, sur le terrain et dans la vie. Il a accompagné les Africains dans leur façon d'être. Il faut de la rigueur mais dans l'enthousiasme, dans la libération des gestes".

"L’Afrique gagnera une Coupe du Monde. Ca peut être maintenant ou dans quatre ans, c'est écrit quelque part. Mais pour la gagner, il faut qu'on soit audacieux", insiste l'ex-Lion.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 24/06/2018 à 06h32