La Tunisie souhaite rattraper son retard en Afrique subsaharienne. Les opérateurs économiques ont souligné à plueiurs reprises que leur tâche était rendue plus ardue du fait qu’ils ne bénéficient pas vraiment du soutien des politiques. C'est une allusion claire au Maroc dont roi donne un énorme coup de pouce aux entreprises grâce à une diplomatie économique bien huilée.
La Tunisie qui ne comptait, jusqu’à présent que sur ses relations avec l’Europe, souhaite désormais diversifier ses relations économiques en ciblant sa région naturelle, l’Afrique. Alors que tout le reste du monde, allant de la Chine à la Turquie, en passant par l'Europe et les Etats-Unis, n'a dyeux que pour le continent.
Dans cette optique, outre le statut de membre observateur au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et l’intégration en octobre prochain de la Tunisie au sein du Marché commun d’Afrique australe et orientale (COMESA), le gouvernement tunisien semble désormais vouloir jouer pleinement sa partition en alliant diplomatie et économie dans le but de soutenir les hommes d’affaires dans leurs visées sur continent.
Lire aussi : Tunisie: les entreprises de plus en plus attirées par l’Afrique
C’est dans cette optique que s’inscrit la première visite du premier ministre tunisien en Afrique subsaharienne qui sonne comme une séance de rattrapage, après le couac de janvier dernier. En effet, à la dernière minute et sans aucune explication, la tournée prévue dans trois pays -Soudan, Niger et Burkina Faso- avait été annulée. Certains ont avancé des raisons logistiques liées à la bousculades d’opérateurs tunisiens souhaitant faire partie du voyage ont été avancées. Quoi qu'il en soit Youssef Chahed séjourne les 22 et 23 à Khartoum, au Soudan, où il co-préside avec le chef de l'Etat soudanais, Omar El-Béchir, la réunion de la Haute commission mixte tuniso-soudanaise, laquelle ne s'est pas réunie depuis une décennie.
Durant cette visite, de nombreux accords bilatéraux seront signés et des rencontres entre hommes d’affaires tunisiens et soudanais sont programmés.
Outre le Soudan, le premier ministre tunisien enchaînera début avril une tournée qui le conduira dans deux autres pays du continent dont le Niger et le Burkina Faso.
Dans tous ces déplacements, Youssef Chahed sera accompagné d’une forte délégation d’hommes d’affaires qui souhaitent nouer des courants d’affaires avec le continent.
Lire aussi : Tunisie: dernière ligne droite avant l’intégration au COMESA
Avec ces visites qui en annoncent d’autres, le gouvernement tunisien souhaite donner un coup de pouce aux opérateurs économiques tunisiens qui souhaitent exporter leurs produits ou s’implanter en Afrique subsaharienne.
Pour le moment, les échanges commerciaux sont orientés essentiellement vers l’Union européenne (UE) qui représentent 80% des échanges extérieurs du pays.
Cette diversification géographique des échanges est favorisée aujourd’hui par plusieurs facteurs. Il y a d’abord la conjoncture difficile que traverse la Tunisie depuis quelques années à cause des effets de la révolution et du terrorisme. Cette situation pousse certains dirigeants d’entreprises à chercher des relais de croissance en dehors de la Tunisie. Ensuite, il y a l’attractivité des pays d’Afrique subsaharienne : croissance soutenue, croissance démographique suscitant une forte demande, une classe moyenne qui croît rapidement, des besoins croissants en infrastructures (routes, logements, ports, etc.).
Par ailleurs, les entreprises tunisiennes sont faiblement implantées sur le continent. A Peine une dizaine sont aujourd’hui présentes en Afrique subsaharienne, à travers des filiales. Une tendance que veut inverser Youssef Chahed dans les années à venir vu le nombre croissant d’opérateurs qui souhaitent y investir.
Lire aussi : Côte d'Ivoire: l’industrie sanitaire tunisienne s'expose à Abidjan
Reste que pour les opérateurs économiques, il faut aussi que le gouvernement tunisien renforce sa présence diplomatique au sein du continent en ouvrant de nouvelles représentations. La Tunisie est faiblement représentée diplomatiquement en Afrique avec seulement 10 ambassades. Cela pose des problèmes de visas pour les ressortissants des pays partenaires.
De même, Tunisair, la compagnie aérienne nationale aussi est appelée à renforcer ses liaisons avec le reste du continent. Dans ce cadre aussi, elle prévoit d’ouvrir plusieurs liaisons aériennes avec des capitales africaines à partir de cette année, alors qu’elle ne dessert actuellement que 5 pays d’Afrique subsaharienne. A ce titre, et en marge de sa visite à Khartoum, Youssef Chahed a assuré que "le ligne aérienne Tunis-Karthoum sera rouverte en septembre prochain", après trois décennies d'absence de vol direct entre les deux pays.
De même, pour donner une impulsion aux échanges commerciaux, une ligne maritime reliant la Tunisie aux pays de la côte ouest africaine est à l’étude.