Tunisie: le directeur de la Banque centrale limogé

Chedli Ayari vient d'être limogé de son poste de directeur de la Banque centrale tunisienne.

Chedli Ayari vient d'être limogé de son poste de directeur de la Banque centrale tunisienne.. DR

Le 08/02/2018 à 13h32, mis à jour le 08/02/2018 à 13h55

Le chef du gouvernement tunisien a demandé la révocation du directeur de la Banque centrale, a indiqué un porte-parole gouvernemental, après que la Tunisie a été classée sur la liste noire européenne en matière de blanchiment d'argent.

Chedli Ayari a été emporté par les turbulences suscitées par l'inscription de la Tunisie sur la liste noire du blanchiment d'argent et du financement du terrorisme. Marouane El Abassi, un banquier de 58 ans, devrait prendre sa place. 

"Le chef du gouvernement a entamé la procédure de limogeage du directeur de la Banque centrale", a indiqué Mofdi Mseddi, porte-parole du Premier ministre Youssef Chahed. Cette révocation doit encore être entérinée par le Parlement, avec la majorité absolue, en vertu de la Constitution.

Cette décision est intervenue quelques heures après que le Parlement européen a confirmé le classement de la Tunisie sur sa liste noire en matière de blanchiment.

Le Parlement européen a indiqué dans un communiqué ne pas avoir mis son véto à l'inclusion de la Tunisie "dans la liste des pays tiers considérés comme présentant des déficiences stratégiques dans leurs régimes de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme".

Lors d'une rencontre lundi avec la représentante de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, le ministre tunisien des Affaires étrangères Khemaies Jhinaoui lui avait signalé son irritation quant à l'inscription de la Tunisie sur la liste des paradis fiscaux. "Nous voulons des signaux forts pour confirmer l'engagement de l'Union européenne aux côtés de la Tunisie dans la transition démocratique", avait martelé M. Jhinaoui.

Il faut dire qu'Ayari s'est montré peu regardant sur les transferts louches reçus d'ONG ou de partis politiques. C'est du moins le reproche le plus récurrent formulé par la presse tunisienne. Le gouvernement ne pouvait pas ne pas prendre de mesure ferme, puisque l'inscription sur cette liste peut être lourde de conséquences. En effet, la Tunisie s'apprête à lever 850 millions d'euros sur le marché international mi-mars. Or les investisseurs sont très sensibles à ce genre de décision. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 08/02/2018 à 13h32, mis à jour le 08/02/2018 à 13h55