Tunisie: bientôt la fin des subventions sur les produits de base

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Le 24/09/2018 à 13h30, mis à jour le 24/09/2018 à 14h11

Le gouvernement tunisien envisage de lever les subventions sur les produits de base. Face aux risques inflationnistes de cette mesure recommandée par le FMI, il envisage également de mettre en place des transferts monétaires pour faire face à l’inflation et la crainte d'une grogne sociale.

Les charges de subventions des produits de base (sucre, farine, huile, pain, lait, semoule, pâte, couscous, etc.) pèsent lourd dans les dépenses du budget de l’Etat tunisien. Ainsi, au titre de l’année en cours, celles-ci devraient atteindre la barre des 2 milliards de dinars tunisiens, soit plus de 645 millions d’euros. Elles contribuent ainsi fortement à l’aggravation du déficit budgétaire, ce qui endette encore plus l’Etat. 

Face à cette situation, le gouvernement tunisien n’a d’autre choix que d’accepter de mettre en pratique certaines recommandations du Fonds monétaire international (FMI) visant à réduire les dépenses de l’Etat en levant les subventions sur les produits de base.

Le gouvernement tunisien a donc fini par mettre en place une Commission chargée de la refonte du système de subvention des produits de base pour se diriger vers la vérité des prix. La commission propose une décompensation progressive en 3 phases, selon l’agence de presse tunisienne, TAP. La première concernera le lait et l’huile végétale, la seconde les pains (gros pains et baguette), la farine pâtissière, et, enfin, la troisième touchera le sucre, la semoule, le couscous et les pâtes.

Dans une déclaration à l'agence TAP, Youssef Trifa, chargé de mission auprès du ministre de Commerce déclare: «le choix de passer par 3 phases, dont chacune durera entre 6 et 9 mois, permettra de parer aux défaillances en cas de besoin et surtout d'étaler la période des hausses des prix décidées. Néanmoins, les prix resteront administrés. Autrement dit, nous opterons pour la vérité des prix, mais ceux-ci resteront fixés par l’administration».

Il faut dire que les subventions sont très importantes pour certains produits. Ainsi, à titre d’exemple, selon les données avancées par Trifa, un quintal (100 kg) de farine est vendu à 82 dinars, toutefois, le boulanger qui fabrique la baguette de pain l’achète à seulement 4,5 dinars. Et la baguette du boulanger est vendue à 190 millimes alors que son prix réel s’élève à 320 millimes. Cela est aussi valable pour l’huile végétale vendue à 0,90 dinar alors son prix réel est de 2,38 dinars.

Pour éviter que la future hausse des prix n'engendre une forte perte de pouvoir d’achat, des transferts monétaires auront lieu pour compenser ces pertes. Ces transferts monétaires trimestriels se feront soit en fonction de la taille du ménage, soit du niveau socioéconomique de la famille, en calculant le revenu par personne dans chaque ménage. Cette décision a été prise après des consultations entre le gouvernement et les principales centrales syndicales du pays ainsi que des composantes de la société civile.

Tout Tunisien majeur peut ainsi s’inscrire volontairement sur une base de données qui sera mise en place et qui regroupera l’ensemble des bénéficiaires de ces transferts monétaires.

De plus, ces transferts monétiques seront automatiques pour les tunisiens bénéficiaires du Programme national d’aide aux familles nécessiteuses (PNAFN) et du Programme d’accès aux soins à tarifs réduits (AMGII).

Toutefois, ces mesures ne semblent pas rassurer les citoyens et les salariés. Selon le Secrétaire général de l’UGTT, Mohamed Ali Boughdiri, «toute décision unilatérale peut entrainer des réactions inattendues (…) Il ne s’agit pas d’une menace, mais d‘un avertissement».

Au-delà de la vérité des prix et donc de la baisse des dépenses budgétaires consécutives aux subventions des produits de première nécessité, avec la décompensation, le gouvernement tunisien souhaite aussi lutter contre la contrebande avec les pays voisins et l’utilisation non autorisée des produits subventionnés (sucre, farine, huile, etc.) par certains professionnels.

Par Karim Zeidane
Le 24/09/2018 à 13h30, mis à jour le 24/09/2018 à 14h11