C’est une nouvelle qui va certainement encourager les fonctionnaires du secteur public tunisien dans leur mouvement de grève, qui a d'ailleurs été largement suivi hier, eudi 22 novembre.
En effet, selon l’Institut tunisien des études stratégiques (ITES), le niveau de vie du Tunisien s’est fortement détérioré au cours des 4 dernières années. Entre 2014 et aujourd'hui, le niveau de vie du Tunisien s’est ainsi détérioré de 40%, selon cette institution.
Cette situation s’explique par un certain nombre de facteurs. D’abord, il y a l’impact négatif de la forte dépréciation du dinar tunisien, qui a perdu 60% de sa valeur depuis 2014, face à l’euro.
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Outre la dépréciation du dinar, cette situation s’explique aussi par l’impact de l’inflation galopante. Celle-ci a atteint 7,4% en octobre 2018. Il s’agit plus de l’inflation importée consécutive au renchérissement des cours du baril de pétrole au cours des derniers mois, mais aussi de certaines matières premières en relation avec la dépréciation du dinar.
Certains produits locaux ont aussi connu de fortes hausses. C’est le cas de plusieurs produits de grande consommation, dont le charbon, les médicaments, les fournitures scolaires, les produits d’entretiens, certains fruits et légumes, etc.
Ainsi, l’indice des prix 2018 (base 2015) pour les cahiers, les pois-chiches et les fruits et légumes se sont établis à respectivement 354,5%, 280,4% et 232,4%.
Autre facteur, le bas niveau des salaires en Tunisie. Ces derniers sont les plus bas dans l’espace Méditerranéen. Ils sont 8 fois moins élevés que ceux de l’Europe du Sud.
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Suite à cette dépréciation de leur pouvoir d’achat, les Tunisiens recourent globalement au crédit bancaire. Situant la fourchette des dépenses annuelles de 73% des Tunisiens entre 750 et 4.500 dinars, l’ITES a expliqué que l’encours des crédits des ménages pour faire face aux nouveaux besoins a progressé de 117% entre décembre 2010 et juin 2018, pour atteindre 23,3 milliards de dinars.
Par ailleurs, plus de 50% des crédits bancaires accordés aux ménages tunisiens sont affectés à la consommation. En conséquence, l’étude avance que près de 60% des familles tunisiennes sont aujourd’hui surendettées.
Autre conséquence de la hausse du niveau de vie, la Tunisie compte actuellement près de 1,7 million de pauvres. Et les écarts entre les catégories sociales ne cessent de croître...
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Face à cette situation, certaines solutions sont avancées. L’Etat est appelé à agir pour sauvegarder le pouvoir d’achat des citoyens tunisiens à travers des politiques générales et sectorielles qui améliorent et rendent accessible les services de al santé, du transport et de l’éducation.
De même, il est demandé à l’Etat de revoir sa politique fiscale en allégeant a pression fiscale sur les salariés, sachant que 60% des contribuables touchent des salaires compris entre 5.000 et 20.000 dinars et 10% seulement ont des salaires dépassant 20.000 dinars par an. Seulement, face aux tensions budgétaires, il est fort probable que le gouvernement ne va pas se lancer dans ce processus.