Mal en point bien avant la pandémie, l’économie tunisienne traverse une crise économique aiguë aggravée par la crise sanitaire et ses corollaires. Le pays devrait afficher l’une des plus importantes récessions de son histoire avec des conséquences sociales encore difficilement calculables.
A ce titre, l’agence de notation tunisienne PBR Rating vient de publier ses travaux d’études et d’analyse des données macroéconomiques et des performances sectorielles de l’économie tunisienne.
Selon cette étude, tous les indicateurs économiques du pays sont dans le rouge.
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En ce qui concerne la croissance, l’agence de notation a établi deux scénarii au titre de l’exercice 2020.
Dans un scénario optimiste, elle prévoit un taux de croissance de -9,6%. Cette récession économique, consécutive au confinement et à l’arrêt de certains secteurs stratégiques de l’économie tunisienne dont le tourisme suite à la fermeture des frontières, va impacter très négativement l’emploi. Selon l’agence de notation, le taux de chômage devrait bondir, dans le cadre d’un scénario optimiste à hauteur de 17,1%.
Le déficit budgétaire devrait se situer au-dessous de 7% à cause des dépenses occasionnées par la crise sanitaire dont les soutiens de l’Etat aux ménages et aux entreprises en difficulté et les revalorisations de salaires. Le recours à l’endettement pour faire face aux besoins de financement de l’Etat qui s’élèveraient à 12,08 milliards de dinars tunisiens devrait augmenter sensiblement le taux d’endettement du pays qui devrait représenter 85,4% du PIB au terme de l’année en cours.
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Dans un scénario pessimiste qui résulterait de la persistance de la pandémie de Covid-19 et du retard de la reprise de l’activité économique, la croissance se creuserait pour se situer à -12,36%. Le taux de chômage augmenterait alors sensiblement à hauteur de 19,9%.
Parallèlement, le déficit budgétaire s’aggraverait pour se situer à 8% du PIB et le taux d’endettement grimperait à hauteur de 88,4% du PIB. Une situation qui illustre le recours excessif à l’endettement extérieur, du fait notamment de l’incapacité de l’Etat à drainer des ressources fiscales suffisantes pour faire face à ses dépenses.
Face à la léthargie économique, l’agence de notation PBR Rating avance que la Tunisie a besoin de réformes structurelles urgentes qui doivent notamment se traduire par la restructuration et l’assainissement des entreprises publiques qui sont des gouffres financiers.
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Outre la réduction de la taille du secteur informel, l’agence soutient que l’Etat doit veiller à la reprise de certaines activités, dont la production pétrolière et minière et orienter les incitations pour améliorer la contribution du secteur agricole à la croissance de l’économie, sachant que c’est actuellement le seul secteur qui affiche une résilience face à la crise, avec une croissance de 7,1% durant le premier semestre 2020.