Le nouveau gouvernement tunisien aura du pain sur la planche pour faire face à l’énorme déficit budgétaire attendu cette année. Selon les prévisions, le pays devrait enregistrer un déficit budgétaire record représentant 13,4% du PIB en 2020.
Pour faire face à ce déficit, le gouvernement devrait trouver des financements internes à hauteur de 14,3 milliards de dinars tunisiens pour solder l’année 2020.
Il s’agit d’un montant colossal, qui vise essentiellement à couvrir surtout des dépenses de fonctionnement et essentiellement la masse salariale, le service de la dette et les dépenses de compensation.
Il faut dire que la situation économique de la Tunisie, à l’instar de nombreux pays durement impactés par la crise du coronavirus, n’est pas favorable. Déjà en difficulté économique depuis 2011, lors de la révolution du Jasmin, au cours des Printemps arabes, une situation qui a ensuite été aggravée par les attaques terroristes, l’économie tunisienne, qui repose beaucoup sur le tourisme et les secteurs exportateurs, a été durement touchée par les impacts de la pandémie du coronavirus.
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Le confinement total, le couvre-feu et la fermeture des frontières durant plusieurs mois, visant à endiguer la propagation de la pandémie du Covid-19, ont mis à genou des pans entiers de l’économie tunisienne et réduit fortement les ressources budgétaires, notamment les ressources fiscales de l’Etat.
Du coup, et malgré les recours importants à l’endettement extérieur, auprès des institutions financières internationales et du marché international des capitaux, le déficit budgétaire reste colossal.
La situation risque d'ailleurs de se corser encore plus en 2021, vu que la conjoncture économique ne semble pas évoluer positivement et semble même se corser davantage depuis quelques mois dans le sillage de l’aggravation de la pandémie du Covid-19 suite à l’ouverture des frontières extérieures du pays.
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Face à cette situation, le nouveau gouvernement a du pain sur la planche. Comment ainsi financer ce déficit budgétaire énorme de 2020 et faire face à celui de 2021, qui s’annonce aussi abyssal.
La situation s’annonce d’autant plus compliquée que le conseil de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) a mis en garde le gouvernement en lui rappelant la nécessité de préserver les fondamentaux économiques et financiers chèrement acquis durant ces dernières années.
A ce titre, la BCT explique que le recours au financement intérieur pour boucler le déficit budgétaire abyssal exercerait une pression insoutenable sur le système financier tunisien et entraînerait un effet d’éviction inacceptable sur le reste de l’économie. En clair, le gouvernement ne doit pas pomper les liquidités bancaires pour faire face à son déficit et réduire en conséquence les capacités de financement des institutions financières au profit des entreprises tunisiennes.
Concernant ceux qui appellent à des injections massives de liquidités par la BCT, le conseil de la Banque centrale estime qu’il n’en est pas question du fait que cela mettrait en cause les grands équilibres macroéconomiques du pays, la stabilité des prix et la stabilité du dinar.
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Et pour ceux qui en appellent au financement non conventionnel, Marouane Abassi, gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), qui était auditionné le mercredi 15 octobre dernier par la Commission des finances à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), concernant le financement du budget complémentaire 2020 et le budget de l’Etat 2021, avait clairement expliqué que pour recourir à la planche à billets, la BCT doit disposer d’une autorisation exceptionnelle de l’ARP. Une décision qui entraînerait une perte de souveraineté de la BCT.
En conséquence, après les importants efforts consentis par la BCT cette année pour aider le gouvernement à faire face à la pandémie du Covid-19, le conseil avertit le gouvernement qu’il ne pourra pas financer ce déficit budgétaire au risque d’affecter ses équilibres financiers.
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Il ne reste alors qu’une seule alternative pour le nouveau gouvernement pour faire face à ce déficit, le recours à l’endettement extérieur.
Seulement, la BCT n’est pas aussi très favorable jugeant que cet endettement sera coûteux et incertain. En effet, le contexte actuel n’est pas vraiment favorable pour sortir sur le marché international pour un pays dont l'évaluation auprès des agences de notation financière ne cesse de se dégrader.
D’ailleurs, le pays négocie actuellement avec un certain nombre de pays arabes et européens pour reporter les paiements des échéances de prêts prévues à la fin de l’année.
Ainsi, la BCT met le gouvernement tunisien devant un véritable dilemme: où trouver l’argent pour boucler l’exercice 2020 et faire face à 2021 et ses incertitudes? Le ministre tunisien des Finances a devant lui de vraies nuits blanches.