"Révolution du jasmin"
Le 17 décembre 2010, un jeune vendeur ambulant, Mohamed Bouazizi, s'immole par le feu devant le gouvernorat de Sidi Bouzid pour protester contre la saisie musclée par la police de son étal de fruits et légumes.
Son geste de désespoir déclenche des manifestations dans cette région défavorisée du centre de la Tunisie.
Le 4 janvier 2011, Mohamed Bouazizi décède de ses blessures, alors que les émeutes prennent un tour politique et s'étendent à tout le pays.
Dix jours plus tard, Ben Ali fuit en Arabie saoudite, après plus de deux décennies d'un pouvoir répressif. Il est le premier dirigeant arabe à quitter le pouvoir sous la pression de la rue. Il décédera en exil en 2019.
La répression du soulèvement a fait 338 morts et plus de 2.100 blessés, selon un décompte tunisien -- la liste officielle définitive des victimes est toujours attendue.
Victoire d'Ennahdha
Le 23 octobre 2011, le mouvement islamiste Ennahdha, légalisé en mars, remporte 89 des 217 sièges de l'Assemblée constituante lors des premières élections libres de l'histoire du pays.
Premiers espoirs déçus
En avril 2012, des affrontements éclatent dans le bassin minier du Sud-Ouest entre chômeurs et policiers. En juin puis en août, des manifestations violentes et des attaques de groupuscules islamistes radicaux se multiplient.
Lire aussi : Tunisie: 8 ans après la révolution, le désenchantement
Des émeutes éclatent fin novembre à Siliana, ville déshéritée au sud-ouest de Tunis: 300 blessés en cinq jours.
Grèves et manifestations, parfois violentes, touchent l'industrie, les services publics, les transports et le commerce. Comme en 2011, c'est dans les régions marginalisées économiquement que se cristallisent les tensions.
Assassinats d'opposants
Le 6 février 2013, l'opposant anti-islamiste Chokri Belaïd est tué à Tunis. Le 25 juillet, le député de gauche Mohamed Brahmi est assassiné près de la capitale.
Les deux meurtres, qui provoquent de profondes crises, seront revendiqués par des jihadistes ralliés au groupe Etat islamique (EI).
Transition démocratique
Le 26 janvier 2014, une Constitution est adoptée, un gouvernement de technocrates formé et les islamistes se retirent du pouvoir.
Lire aussi : Tunisie: la dette a augmenté de près de 230% depuis la révolution
Le 26 octobre, le parti anti-islamiste Nidaa Tounes de Béji Caïd Essebsi, qui regroupe aussi bien des figures de gauche et de centre-droite que des proches du régime de Ben Ali, gagne les législatives, devançant Ennahdha.
En décembre, Béji Caïd Essebsi devient le premier chef de l'Etat élu démocratiquement de l'histoire du pays.
Attentats
La Tunisie est frappée en 2015 par trois attentats revendiqués par l'EI, implanté en Libye voisine. Ils font 72 morts, des touristes étrangers et des membres des forces de l'ordre, au musée du Bardo à Tunis, dans un hôtel de Sousse (centre-est) et contre un bus de la garde présidentielle à Tunis.
En mars 2016, des dizaines de jihadistes attaquent des installations sécuritaires à Ben Guerdane (sud), tuant 13 membres des forces de l'ordre et sept civils.
La situation sécuritaire s'est depuis nettement améliorée, mais des attaques continuent à endeuiller ponctuellement le pays.
Troubles sociaux
Début 2016, une vague de contestation débute à Kasserine (centre), après le décès d'un jeune chômeur, électrocuté alors qu'il protestait contre son retrait d'une liste d'embauche. La colère se propage dans de nombreuses régions.
Lire aussi : L'ex-président tunisien Zine El Abidine Ben Ali enterré à Médine
Début 2018, le pays est touché par un mouvement de contestation exacerbé par l'entrée en vigueur d'un budget d'austérité.
Le Sud tunisien, marginalisé, a été depuis en proie à des heurts entre forces de l'ordre et manifestants.
Scrutins et instabilité politique
Le 6 octobre 2019, Ennahdha redevient le premier groupe à l'Assemblée, lors des troisièmes législatives depuis la révolution, mais avec seulement un quart des sièges.
Le 13, un universitaire à la retraite quasi inconnu sur la scène politique, Kais Saied, est élu président.
Le 1er septembre 2020, les députés approuvent un gouvernement de technocrates, écartant la possibilité d'une dissolution sans pour autant mettre fin aux tensions politiques.
En dix ans, la Tunisie a eu neuf exécutifs, dont certains n'ont tenu que quelques mois, entravant l'adoption de réformes de fond pour relancer une économie en difficulté.