La Tunisie a été longtemps un modèle dans la gestion du Covid-19 en Afrique, avec des résultats exceptionnels en matière de lutte contre la pandémie. Toutefois, et suite à l’ouverture des frontières aériennes du pays, le 27 juin dernier, la situation s’est inversée depuis et le pays figure désormais parmi ceux connaissent les plus fortes hausses de contagions depuis plusieurs semaines.
Ainsi, depuis cette date, le pays est passé d’un peu plus de 1.150 cas à 22.230 cas, soit une multiplication des cas par 19. Et depuis le 28 septembre, le pays enregistre plus de 1.200 cas quotidiennement, soit plus du cumul enregistré durant les 4 premiers mois avant l’ouverture des frontières.
C’est dire si cette recrudescence est essentiellement le fait de l’ouverture des frontières qui a permis l’arrivée de touristes étrangers, notamment européens, dont de nombreux ressortissants (français, espagnols, belges, allemands, etc.) étaient autorisés à entrer en Tunisie sans présenter de test Covid-19.
Lire aussi : Tunisie: les hôpitaux débordés face à la flambée de cas de Covid-19
Du coup, les contagions ont explosé en Tunisie. Le pays compte plus de 22.230 cas officiels et plus de 321 décès.
La situation est telle que les hôpitaux sont débordés et on tend vers la saturation des capacités d’accueil. Selon le Dr Hechmi Louzir, directeur de l’Institut Pasteur de Tunis et porte-parole du Comité scientifique de lutte contre le Covid-19, «les capacités ne sont pas encore arrivées à saturation, mais on commence à avoir de petits soucis dans le grand Tunis et du côté du Souss». En plus, «on manque de ressources humanes», dans les services de réanimation, pour faire face à la hausse des cas hospitalisés. Le pays compte plus de 350 malades du Covid-19 hospitalisés dans les hôpitaux, dont 120 nécessitant un apport d’oxygène.
Lire aussi : Tunisie: la pandémie met à nu les défaillances de la santé publique
Du coup, si le pays n’arrive pas à stopper les contagions, le système sanitaire sera rapidement débordé, sachant que le pays comptait, en avril dernier, un peu plus de 700 lits de réanimation, dont 450 au niveau du privé et 250 dans les établissements publics. Autrement dit, si l’on considère que ce nombre n’a pas évolué, la moitié des lits de réanimation du secteur public est désormais occupée uniquement par les malades du Covid-19. Du coup, des voix s’élèvent pour demander la réquisition des cliniques privées pour soutenir la lutte contre la pandémie.
Face à cette situation, les autorités annoncent une augmentation du nombre de lits en réalisation d’ici novembre. En attendant, les autorités réitèrent leur appel au respect des gestes barrières et à l’obligation du port du masque. En plus, elles ont décidé d’interdire toutes les manifestations publiques dans le pays.
Lire aussi : Tunisie. Covid-19: le retour au confinement général dans certaines régions est envisagé
Dans tous les cas, les autorités écartent d’un revers de la main tout retour à un confinement général. Le pays «n’a plus la capacité de le supporter», a annoncé le Premier ministre Hichem Mechichi, lors d’une intervention à la télévision nationale, tout en reconnaissant que «la situation épidémiologique nécessite une fermeté et des solution urgentes».
Il faut reconnaître que le confinement général avait quasiment entraîné un arrêt de l’économie tunisienne en touchant particulièrement certains secteurs clés dont le tourisme, que les autorités essayent de relancer malgré les risques. Désormais, tout touriste visitant la Tunisie est obligé de présenter un test PCR. Et la France, premier pourvoyeur de touristes du pays, est désormais classée sur la «liste rouge», au même titre que l’Espagne. Les ressortissants de ces pays sont donc interdits d’accès au territoire tunisien.