Tunisie: un taux de létalité du Covid-19 parmi les plus élevés au monde

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Le 29/04/2021 à 15h12, mis à jour le 29/04/2021 à 15h13

La Tunisie affiche un des taux de mortalité lié au Covid-19 parmi les plus élevés au monde. Lors de la journée du 27 avril 2021, un décès a été enregistré toutes les 12 minutes. La situation inquiète les professionnels de santé d'autant que la campagne de vaccination patine.

Lors de la journée du 27 avril 2021, ce sont 119 décès qui ont été enregistrés en 24 heures, soit un décès toutes les 12 minutes à cause du Covid-19.

La réalité est encore pire sachant que les 119 personnes ont été recensées officiellement et que le nombre de décès liés au Covid-19 ne tient pas compte des morts en dehors des centres hospitaliers sans que l’origine de leur mort ne soit d'abord vérifiée.

Et depuis le début de la pandémie du Covid-19, la Tunisie a enregistré 10.563 décès pour un total de 345.914 cas confirmés, soit un taux de létalité de 3,05%.

C’est le troisième pays où la pandémie a fait le plus de décès en Afrique, après l’Afrique du Sud et l’Egypte. Et selon Riadh Guouider, membre de la Commission scientifique de lutte contre le coronavirus, la Tunisie a enregistré le nombre de décès le plus élevé dans le monde par million d’habitants.

En outre, sur la base des tests réalisés quotidiennement, la Tunisie affiche l’un des taux de positivité au Covid-19 le plus élevé au monde. Ainsi, lors de la même journée, sur 6.434 tests effectués, 1.729 se sont révélés positifs, soit un taux de positivité de 27%. Taux qui dépassait même les 30% les jours précédents.

De plus, le faible nombre de tests réalisés quotidiennement rend la situation encore plus inquiétante.

Cela d’autant que la campagne de vaccination patine. A la date du 27 avril, seulement 345.914 citoyens avaient reçu des doses de vaccins anti-Covid-19 en 48 jours, soit une moyenne quotidienne de 7.206 doses administrées. Ce qui est insignifiant pour freiner la contagion. La Tunisie n'a reçu qu'un peu plus de 500.000 doses de différents laboratoires. Les autorités sont donc dans l’incapacité d’accélérer le processus de vaccination, faute de vaccins.

De plus, la situation sanitaire risque de s’aggraver dans les semaines à venir à cause, notamment, des variants, particulièrement le britannique et la nouvelle souche tunisienne qui circulent actuellement dans le pays. Ces nouvelles souches sont considérées comme 70% plus contagieuses que la souche originelle et plus dangereuses, avec environ 30% de plus de risque d’entrainer des formes graves du Covid-19.

Conséquence, les hôpitaux sont débordés. Les services de réanimation ont atteint un taux d’occupation de 92% et les services d’oxygène affichent un taux de plus de 70%. Dans certaines régions des plus touchées, la saturation totale des services de réanimation et d’oxygène est quasiment atteinte.

Face à cette situation, des voix s’élèvent pour la mise en place de l’état d’urgence dès que possible afin de garantir l’application effective des mesures restrictives. En attendant, et pour des raisons politiques, les autorités ont préféré maintenir un couvre-feu tardif, de 22h00 à 05h00. Il faut dire que la situation politique en Tunisie ne favorise pas le consensus au niveau des décisions politiques à cause des différends profonds entre le président Kaïs Saied et le Premier ministre Hichem Mechichi, d’une part, et entre le président tunisien et Rachid Ghannouchi, président du Parlement d'autre part. Ainsi, après avoir annoncé un couvre-feu à partir de 19h00 durant le ramadan, le Premier ministre a été obligé, par la présidence, de le repousser à 22h00, permettant aux cafés et restaurants de servir les clients pour la rupture du jeûne, et par conséquence, favorisant également les rassemblements.

Par Karim Zeidane
Le 29/04/2021 à 15h12, mis à jour le 29/04/2021 à 15h13