Une chose est sûre, avec le Sars-Cov-2, tant qu’un pays n’a pas atteint un certain seuil d’immunisation de sa population, rien ne sert d’ouvrir ses frontières. La Tunisie est un cas d’école. Elle a été l’un des meilleurs pays en matière de gestion de la pandémie du Covid-19, durant les 5 premiers mois qui ont suivi l’apparition du premier cas sur son territoire, en février 2020 et a même été salué par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Fort de ses résultats, le pays avait alors décidé d’ouvrir ses frontières afin de relancer l’activité économique, particulièrement le secteur touristique, l’un des poumons de l’économie tunisienne.
La suite, on la connaît. Les compteurs ont explosé et la Tunisie a déjà fait face à 3 vagues de contagion qui l’ont placée au 3e rang des pays les plus touchés du continent africain, aussi bien en nombre de contaminations que de décès.
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Et malheureusement, depuis le dernier allègement des conditions sanitaires accordé aux voyageurs, les contagions explosent à nouveau. Ainsi, lors de la journée du 3 juin, 1.925 nouveaux cas ont été enregistrés et 73 décès. Plus inquiétant, seulement 6.638 tests ont été effectués, ce qui porte le taux de positivité au Covid-19 à 29%, l’un des plus élevés au monde actuellement. A titre de comparaison, pour la même journée, le Maroc a recensé 395 nouveaux cas sur 8.770 tests réalisés, soit un taux de positivité de 4,5%.
Certains assouplissements dont l’exemption de présentation d’un test PCR et d'un confinement pour les voyageurs vaccinés arrivant en Tunisie, alors qu'aucun vaccin n'immunise à 100%, sont vivement critiqués, risquent d'avoir des conséquences néfastes. En effet, aucune étude ne prouve que les personnes vaccinées ne soient pas porteuses du coronavirus et donc qu'elles ne soient pas un facteur de contagion. Ainsi, cette mesure pourrait provoquer des effets identiques à ceux de juin 2020 lorsque le pays a subitement ouvert ses frontières, sans prendre les précautions nécessaires.
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Face à l’aggravation des contagions, les autorités sanitaires s’inquiètent qu’une 4e vague n’affecte le pays au moment où les annonces d’ouverture des frontières se multiplient un peu partout. Cette crainte est justifiée par la hausse des cas enregistrés ces derniers jours, dans le sillage d’un certain nombre de pays africains dont l’Ouganda, le Kenya, la République démocratique du Congo (RDC), l’Afrique du Sud…
Et craignant une nouvelle envolée des contagions et des décès, Hechmi Louzir n’hésite pas à brandir la possibilité d’instaurer un nouveau confinement général au cas où la situation n’évoluerait pas favorablement. Et il met en cause le comportement de la population tunisienne qui n’aide pas à faire face à la pandémie. Outre le non port du masque, la distanciation physique n’est respectée nulle part.
Reste que, si du point de vue des autorités sanitaires, ce scénario de reconfinement général est envisageable, du point de vue social, il sera difficilement accepté par la population. Mais les dirigeants politiques très divisés, ce qui ne contribue pas à conjuguer les efforts de lutte contre la pandémie, ne prendront pas le risque d’une telle décision impopulaire.
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En conséquence, les autorités sanitaires tunisiennes ont décidé d’accélérer leur campagne de vaccination et ce, d’autant que les Tunisiens sont désormais disposés à recevoir leurs injections comme en atteste le nombre de personnes inscrites sur la plateforme dédiée à cette campagne qui dépasse les 2,05 millions d’inscrits.
Selon Hechmi Louzir, les opérations de vaccination seront intensifiées lors de l’arrivée de nouveaux lots de doses. Après avoir atteint le cap de 1,05 million de personnes vaccinées le 1er juin 2021, le président du Comité de pilotage de la campagne nationale de vaccination a souligné que le pays devrait vacciner 30.000 personnes par jour. Les pharmaciens seront mis à contribution pour accélérer la cadence.
Sur ce point, il faut souligner que le Maroc constitue un exemple à suivre. Durant les 7 derniers jours –du 26 mai au 3 juin-, le Royaume a réussi à administrer 1,51 million de doses. Et depuis le début de la campagne, ce sont 8,96 millions de doses qui ont été administrées et 5,8 millions de personnes complètement vaccinées.
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Parallèlement, la Tunisie a reçu 3 unités de production d’oxygène conformément à un accord conclu entre le chef de l’Etat Kaïs Saied et le président français Emmanuel Macron, selon la présidence tunisienne. Présidence qui a aussi donné des instructions à la direction de la santé militaire pour prendre en charge les patients touchés par le Covid-19 à Sidi Bouzid et les transférer vers les hôpitaux militaires de Tunis, Gabès et Sfax.
La Tunisie a commandé 11,7 millions de doses de vaccins anti-Covid-19 auprès du mécanisme Covax et des laboratoires internationaux. Le pays a reçu un total de 1,6 million de doses.