Ces droits de douanes, annoncés la veille par Donald Trump, menacent 35.000 emplois rien que dans la production locale d’agrumes et font courir un «risque d’effondrement des prix», a déclaré mardi à l’AFP le président de l’organisation patronale du secteur (CGA).
«L’Afrique du Sud va poursuivre ses efforts diplomatiques en vue d’une relation commerciale plus équilibrée et mutuellement bénéfique avec les États-Unis», a assuré le chef d’Etat sud-africain, notant que son homologue a ouvert la porte à une «modification en cas de conclusion des négociations».
Cyril Ramaphosa juge leur niveau fondée sur une «interprétation particulière de l’équilibre commercial» et qu’il «ne représente pas fidèlement les données commerciales disponibles».
Censés entrer en application le 1er août, ces droits de douanes risquent d’aggraver encore le chômage dans la première économie du continent africain, qui compte déjà 32% d’exclus du marché du travail officiel.
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«Environ 35.000 personnes travaillent dans les provinces du Cap-Nord et le Cap-Occidental» où «les agrumes produits sont principalement ou exclusivement destinés aux États-Unis», explique le président de l’organisation des producteurs d’agrumes d’Afrique australe (CGA), Boitshoko Ntshabele.
Une précédente disposition commerciale de Washington, l’AGOA, dispensait de droits de douanes les agrumes d’Afrique du Sud, ce qui avait lancé une course au marché américain pour le fournir hors saison. Ces exportations ont doublé depuis 2017, selon la CGA.
«L’impact [des surtaxes douanières] sera élevé», estime Boitshoko Ntshabele qui décrit des «communautés rurales de petite tailles» et «vulnérables aux chocs externes».
Pire, la saison de la cueillette étant «presque à son pic», les producteurs pourraient «saturer d’autres marchés» faute de pouvoir exporter vers les États-Unis. «Il y aurait alors trop d’offre, et donc un risque d’effondrement des prix», observe-t-il à propos du marché sud-africain.
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Dans le même temps, les droits de douanes de 25% visant le secteur automobile appliqués depuis avril se font déjà ressentir en Afrique du Sud où le constructeur allemand Mercedes-Benz a suspendu sa production plus d’un mois dans son usine d’East London, dans le sud-est du pays.
Sa filiale sud-africaine, MBSA, a précisé à l’AFP qu’elle appliquait une «période de non-production planifiée», qui est une «procédure standard», en «raison d’ajustements du volume de production».
Les exportations des constructeurs depuis Pretoria vers Washington étaient auparavant exemptées de taxes douanières, également grâce à l’AGOA.
En juin, les exportations de voitures assemblées en Afrique du Sud, ont chuté de plus de 12% par rapport à juin 2024 selon l’organisation patronale du secteur (Naamsa).
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Ses chiffres montrent une érosion très nette de Mercedes-Benz qui exporte son modèle Classe-C assemblé en Afrique du Sud vers les États-Unis.
Si MBSA «évalue en permanence l’impact des tarifs douaniers américains», il «ne fera pas d’autres commentaires» a conclu le constructeur dans son communiqué transmis à l’AFP.