La Turquie figure aujourd’hui parmi les grands marchés mondiaux de la défense. Elle compte de nombreux fabricants de divers types d’armes. Parmi ceux-ci figurent Baykar, Aselsan, Roketsan, MKE, STM, Kalekalip, 3E, Katmerciler, Sarsilmaz, Essav, SkyDagger, ZSR, Hedef Defence, Akdas Silah,... Le pays a exporté plus de 300 produits de défense vers quelque 180 pays en 2024. Ces exportations ont atteint 7,2 milliards de dollars en 2024, contre 1,64 milliard de dollars en 2014.
Et de plus en plus de pays africains se tournent vers les équipements et munitions turcs pour moderniser et développer leurs arsenaux militaires.
Les armes turques importées par les pays africains
La Turquie vend presque tout type d’armes aux pays africains, dont des drones de différents types, des fusils d’assaut, des voitures blindées, des navires de patrouille, des avions, des hélicoptères, des munitions, des radars, des systèmes de déminage…
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Toutefois, les drones occupent une place prépondérante dans le choix d’armes acquises par les pays du continent auprès de la Turquie. Aujourd’hui, plusieurs entreprises turques fabriquent des drones pour divers objectifs. Parmi eux figurent Baykar (Bayraktar TB2, Bayraktar Akinci,…), Turkish Aerospace Industries (Anka-S), Skydagger (drones kamikazes)… Il s’agit d’appareils très sollicités par les pays africains. Il faut dire que les drones turcs ont acquis leur titre de noblesse au niveau de différents champs de batailles, dont particulièrement le drone tactique TB2 Bayraktar qui a acquis une renommée considérable à l’issue de la guerre ayant opposé l’Azerbaïdjan à l’Arménie en septembre-novembre 2020 au Haut-Karabakh. Une guerre qui a changé la physionomie des guerres modernes en accordant désormais une place fondamentale aux drones de combat et kamikazes. Par la suite, au début de la guerre Russie-Ukraine, le drone a agi comme un «game changer», une arme miracle qui a, par exemple, permis de couler le croiseur russe Moskva.
Du coup, toutes les armées du monde s’en équipent. Au niveau du continent africain, le Maroc figurent parmi les premiers pays à s’en procurer en 2021 après une commande de 13 appareils, suivis de 7 autres. Depuis, les clients africains de drones turcs se sont multipliés. Aujourd’hui, plus de 25 pays africains sont équipés de drones turcs, essentiellement des Bayraktar, Anka Akinci… La Turquie s’affirme aujourd’hui comme le principal fournisseur de drones MALE (Moyenne altitude, longue autonomie), dépassant désormais la Chine au niveau du continent.
Ces armes ont fait leurs preuves au niveau du continent lors des engagements des cibles au sol, de la surveillance aérienne et de l’influence tactique. Les Bayraktar turcs ont donné un net avantage à l’armée éthiopienne face aux rebelles tigréens et contribué à l’arrêt de la guerre.
A noter qu’en plus de l’acquisition des drones, certains pays souhaitent développer localement ces appareils à domicile. Ainsi, Baykar a fait le choix de développer la production et la maintenance de drones au Maroc, via une filiale, Atlas Defense. Celle-ci assurera la conception, la fabrication et la maintenance de drones et d’équipement aéronautique sans pilote.
Le Bayraktar TB2 est la vedette des drones turcs. Il équipe actuellement les armées de nombreux pays africains: Maroc, Mali, Burkina Faso, Ethiopie... Plus de 25 pays africains ont acquis des drones turcs.
Concernant les avions de combat, le Niger est devenu, en 2021, le premier client étranger à commander le TAI Hürkus, un avion d’entrainement et d’attaque léger à turbopropulseur.
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Outre les drones et avions, plusieurs pays africains importent aussi des fusils d’assaut turcs, notamment le MPT-76. Développé à la fin des années 2000, ce fusil d’assaut, adapté aux munitions de 7,62x51mm standardisées de l’OTAN, est très demandé dans le monde, y compris aux Etats-Unis. Le MPT-76, disposant d’un chargeur de 20 cartouches et pouvant tirer 650 cartouches par minute, équipe aujourd’hui les armées de nombreux pays africains. C’est le cas du Cameroun qui équipe ses forces spéciales avec le fusil d’assaut MPT-76. Selon Defense Post, le fusil d’assaut turc est aussi utilisé par les armées d’autres pays dont le Sénégal, la Somalie…
Si l’AK-47 demeure le fusil d’assaut le plus présent en Afrique, les fusils turcs pénètrent aussi le marché grâce à leurs attributs.
La Turquie produit et exporte aussi une large gamme de chars et véhicules blindés, comme le Cobra, Cobra II, le char Altay d’Otokar, l’Ejder Yalçin de Nurol Makina, la gamme Pars de FNSS, le Kirpi et le Vuran de BMC… Ces blindés équipent de nombreuses armées africaines, notamment celles confrontées au terrorisme.
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Les entreprises turques vendent également des navires, des systèmes électroniques, des munitions (balles, roquettes, missiles...) adaptées aux normes de l’OTAN et donc compatibles avec les armes importées des autres pays membre de cette organisation (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Allemagne…).
Aujourd’hui, rares sont les pays africains qui ne disposent pas dans leurs arsenaux des armes et/ou munitions turques. D’ailleurs, en mars 2024, l’Institut international de recherche sur la paix de Stockolm (Sipri) annonçait que la Turquie est devenue le 4e plus grand fournisseur d’armes de l’Afrique subsaharienne.
Les facteurs de succès des armes turques en Afrique
L’attrait croissant des pays africains pour l’armement turc s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, la fiabilité et la facilité d’utilisation des armes turques qui ont fait leurs preuves dans différents champs de batailles de différents environnements.
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Ensuite, il y a le rapport qualité-prix très favorable aux armes turques. Ainsi, le Bayraktar TB2, équipé d’un système Baykar pour la transmission d’images en temps réel, est accessible à un prix qui n’excède pas les 5 millions de dollars. Un prix considéré comme bas pour ce type de technologie.
Par ailleurs, un autre facteur important contribue au succès de l’armement turc en Afrique. En effet, les pays africains cherchent des fournisseurs fiables pour répondre à leurs besoins de sécurité. Or, si certains pays occidentaux (Etats-Unis, pays européens…) imposent souvent des conditions à la vente de leur matériel militaire à des pays tiers, notamment africains, pour diverses raisons (politique, humanitaire…), les Turcs sont moins regardants sur ces volets. A titre d’exemple, les autorités maliennes ont toujours accusé la France de refuser de leur livrer certaines armes, notamment des hélicoptères militaires, pour lutter contre les rébellions et les djihadistes. Idem pour les Etats-Unis qui ont longtemps refusé de vendre certaines armes au Nigeria dans sa lutte contre les terroristes. Les Turcs eux vendent leurs armes aux Etats sans se soucier des considérations politiques ou autres. Et cette fiabilité fait que plusieurs pays africains se tournent de plus en plus vers elle.
En outre, le fait que les armes turques sont adaptées aux munitions OTAN pousse certains pays disposant des arsenaux acquis auprès des Etats-Unis et des pays européens à s’approvisionner en munitions auprès des opérateurs turcs.
En outre, la Turquie s’impose aussi du fait qu’elle assure des formations aux pays qui achètent ses armes.
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De même, au moment où de nombreux pays africains modernisent leurs forces armées, les équipements turcs semblent aussi être avantagés par les reculs des Etats-Unis et des pays européens au niveau de certaines régions du continent, notamment le Sahel, en l’Afrique de l’ouest...
Enfin, le succès des armes turques en Afrique est facilitée par la présence militaire forte de la Turquie au niveau du continent, et qui se consolide d’année en année, dans le sillage du développement des relations diplomatiques et économiques entre les deux parties. Les nombreux accords de coopération militaire (plus d’une trentaine), la présence effective via des bases militaires (Somalie, Libye...), l’envoi d’instructeurs militaires et la présence d’attachés militaires dans de nombreuses ambassades turques en Afrique favorisent les exportations d’armes turques vers le continent.
Et c’est pour corser cette présence qu’a été initiée la première édition du Salon international de la Défense et de la sécurité de Bamako, avec la présence de nombreuses délégations africaines. Organisé exclusivement par les entreprises turques, du 11 au 14 novembre 2025, ce salon, marqué par la présence de nombreuses délégations africaines, devrait donner un nouveau coup de fouet à la diffusion des armes turques au niveau du continent.













