Voici les nouveaux tarifs douaniers imposés par Donald Trump aux pays africains

Donald Trump brandit un tableau sur lequel sont affichés les droits de douane que les Etats-Unis vont appliquer aux autres pays du monde.. AFP or licensors

Le 01/08/2025 à 15h58

Le président américain Donald Trump a signé, le jeudi 31 juillet, le décret portant sur l’entrée en vigueur des nouveaux tarifs douaniers américains. Globalement, les pays africains, à l’exception de l’Afrique du Sud, de l’Algérie, de la Libye et de la Tunisie, vont supporter des surtaxes de 10% à 15%. Ces tarifs qui entreront en vigueur à partir du 7 aout 2025. Décryptage.

Le président Donald Trump a signé, jeudi 31 août 2025, le décret imposant une hausse des taxes douanières aux partenaires commerciaux des Etats-Unis. Après une série de suspensions et de prolongations, les nouveaux droits de douane spécifiques à chaque pays entreront en vigueur le 7 août, et non le 1er du mois comme annoncé auparavant. Un délai jugé nécessaire pour permettre aux douanes américaines de s’organiser pour la collecte des taxes. En plus, un délai supplémentaire est également prévu pour les produits qui seraient chargés sur des navires avant le 7 août et qui arriveraient aux Etats-Unis avant le 5 octobre prochain.

Si de nombreux pays ont tenté de négocier des tarifs plus bas, au final, seulement 7 partenaires commerciaux sont arrivés à des accords avec les Etats-Unis: le Japon, le Royaume-Uni, l’Union européenne, le Vietnam, les Philippines, l’Indonésie et la Corée du Sud.

Globalement, les surtaxes imposées par Trump vont de 15% à 41% et concerneront plus de 80 pays. Les autres devant supporter la taxe de 10%. A noter toutefois qu’une surtaxe de 50% a été appliquée à certains produits venant du Brésil, en représailles contre les poursuites visant l’ex-président Jair Bolsonaro, l’allié d’extrême droite de Trump.

Ainsi, les droits de douane moyens pondérés seront de 24%, avec un minimum à 10%. L’objectif du président américain est de réduire le déficit commercial des Etats-Unis, tout en engrangeant au passage d’importantes recettes douanières. Ces dernières sont passées de 79 milliards de dollars sur l’ensemble de l’année 2024 à 87 milliards de dollars au cours des 6 premiers mois de 2025, s’est réjoui Trump.

Concernant les nouveaux tarifs appliqués, les pays africains ne sont plus au sommet de la pyramide. Désormais, les pays les plus taxés, en dehors du Brésil, sont la Syrie (41%), devant le Myanmar (40%), la Suisse (39%), l’Irak (35%), la Serbie (35%)…

En ce qui concerne le continent africain, les nouvelles taxes annoncées le jeudi 31 juillet constituent un ouf de soulagement pour de nombreux pays africains. Si l’accord d’Agoa qui permettait l’entrée en franchise de douane de nombreux produits exportés par les pays d’Afrique subsaharienenne vers les Etats-Unis est désormais définitivement enterré par le décret signé jeudi par le président américain, qui impose des taxes douanières à tous les produits entrant aux Etats-Unis, force est de noter que les niveaux des taxes qui seront appliquées aux pays africains à partir du 7 août courant ont globalement baissé par rapport aux niveaux annoncés en avril dernier.

En dehors de 4 pays (Afrique du Sud, Algérie, Tunisie et Libye) qui sont assujettis à des surtaxes élevées, 18 pays du continent vont supporter des surtaxes de 15% et les autres la taxe minimale de 10%.

Ainsi, le Lesotho qui était le plus taxé au monde avec une surtaxe de 50% en avril dernier se retrouve avec seulement une surtaxe de 15% à supporter à partir du 7 août, Idem pour Maurice qui voit sa surtaxe passer de 40% à seulement 15%. Pour le Lesotho c’est véritable ouf de soulagement. La surtaxe de 50% allait détruire le secteur du textile du pays qui dépend fortement des exportations vers les Etats-Unis. Avec une surtaxe de 15%, le pays est désormais moins taxé que ses concurrents asiatiques (20% pour le Vietnam et le Bangladesh) et africains (25% pour la Tunisie) sur le marché américain.

D’autres pays africains ont aussi bénéficié des baisses de tarifs douaniers. C’est le cas de la Côte d’Ivoire qui a vu son tarif passer de 21 à 15%, du Zimbabwe de 18 à 15%, du Malawi de 17 à 15%, de la Zambie de 17 à 15%...

Par contre, certains ont enregistré de légères hausses de leur surtaxe. C’est le cas du Ghana qui passe de 10 à 15%, du Nigeria qui voit son taux passer de 14 à 15%, de la Guinée équatoriale de 13 à 15%, de la RDC de 11 à 15%…

Toutefois, une poignée de pays africains vont trinquer. Il s’agit de l’Afrique du Sud, de l’Algérie, de la Libye et de la Tunisie, désormais les 4 pays africains les plus taxés par Trump. Ces pays n’ont pas bénéficié de baisse de tarifs douanier, sinon très légèrement.

L’Afrique du Sud va supporter une surtaxe de 30% sur ses exportations vers les Etats-Unis. Le pays exporte des minerais (platine, diamant…), des voitures et composants automobiles, des produits agricoles… Les Etats-Unis sont le second partenaire commercial du pays après la Chine. L’Afrique du sud va surtout pâtir de l’annulation de facto de l’accord commercial préférentiel (Agoa).

Les autorités sud-africaines ont annoncé qu’elles ne riposteront pas aux droits de douane imposés par les Etats-Unis et ont, au contraire, annoncé leur volonté de favoriser les exportations américaines, notamment le gaz naturel liquéfié (GNL) et faciliter l’accès au marché sud-africain pour certains produits agricoles américains.

De même, l’Algérie devra supporter une surtaxe de 30% sur ses exportations vers les Etats-Unis. Le président algérien avait reçu le 9 juillet dernier une lettre de Trump relative à la surtaxe de 30% mettant en garde l’Algérie contre toute forme de riposte, sous peine d’un alourdissement de la surtaxe. Ainsi, tous les produits algériens qui seront exportés vers le marché américains vont supporter une surtaxe de 30%. Du coup, Alger qui demeure un acteur de l’approvisionnement en produits bruts et raffinés des Etats-Unis sera impacté. Conséquence, les hydrocarbures venant de l’Algérie seront moins compétitifs que ceux venant des autres pays moins taxés.

En plus des hydrocarbures, l’Algérie exporte du ciment, de l’acier, du rond à béton, des engrais azotés…Pour l’acier, le pays va supporter une surtaxe de 50%. Ce produit, comme ceux fabriqués à partir du cuivre sont lourdement surtaxés par l’administration américaine, sauf pour quelques pays partenaires.

Du coup, l’Algérie risque de perdre des parts de marchés sur les produits qu’elle exporte sur le marché américain au moment où elle fait face à des tensions commerciales avec son premier partenaire économique, l’Union européenne.

Quant à la Libye qui exporte uniquement des produits pétroliers vers les Etats-Unis, elle a vu sa surtaxe reculer très légèrement passant de 31 à 30%. Une situation qui va renchérir les exportations des hydrocarbures libyennes sur le marché américains face à d’autres pays producteurs moins surtaxés comme le Nigeria (15%), l’Angola (15%) et les pays du Golfe.

Enfin, la Tunisie a bénéficié d’une baisse de sa surtaxe de 28 à 25%. Toutefois, ce taux demeure élevé pour ce pays qui exporte des graisses animales et végétales, des vêtements et des fruits aux Etats-Unis. Pour le textile-habillement, le pays est plus taxé que ses concurrents asiatiques et africains.

Globalement, les nouveaux tarifs vont améliorer le positionnement de nombreux pays africains, comparativement à leurs concurrents plus taxés. Toutefois, rien n’est totalement figé. Le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, a annoncé que Washington reste ouvert à la discussion», ajoutant que les «partenaires économiques pourront continuer à échanger avec le président Trump après le 1er août», ouvrant la possibilité de reprise des négociations bilatérales. Une chose est sûre, le rapport de force étant actuellement en faveur du président américain, seules les conséquences néfastes des surtaxes sur les prix et donc sur le pouvoir d’achat des Américains pourraient faire infléchir les positions de Trump.

Enfin, face à ces surtaxes, certaines multinationales adoptent des stratégies d’évitement en renforçant leur production dans des pays plus faiblement taxés. Une situation qui pourrait contribuer à la recomposition profonde des chaines de valeurs mondiales dans certains secteurs comme l’électronique grand public, le textile…

Par Moussa Diop
Le 01/08/2025 à 15h58