Cameroun: le président Biya de retour après plusieurs semaines d’absence

Les mains de la Première dame camerounaise Chantal Biya saluent une foule de partisans du Mouvement démocratique du peuple camerounais (RDPC) au pouvoir alors qu'elle voyage avec son mari, le président camerounais Paul Biya, à leur retour au pays le 21 octobre 2024.. AFP or licensors

Le 21/10/2024 à 19h17

Accueilli par une foule en liesse à l’aéroport de Yaoundé, le président camerounais Paul Biya a regagné lundi son palais après plusieurs semaines d’absence de son pays et de rumeurs alarmantes sur sa santé, selon des images diffusées par la télévision d’Etat CRTV.

Après l’atterrissage de l’avion présidentiel, le chef de l’Etat âgé de 91 ans et qui règne sans partage sur le pays depuis 41 ans a été filmé en train de saluer les dignitaires venus l’accueillir sur le tarmac, son épouse Chantal à proximité de lui.

Des militants en liesse habillés de tenues décorées du portrait présidentiel sont venus saluer son arrivée à l’aéroport, à grand renfort de chants accompagnés de tam-tam.

Le cortège présidentiel a rapidement quitté l’aéroport pour se rendre au palais présidentiel, avec des militants massés tout au long de l’itinéraire pour l’acclamer, selon la CTRV qui a dédié une émission spéciale au retour du chef de l’Etat absent de la scène publique depuis son départ de Pékin début septembre.

«Aujourd’hui, le président est en chemin, cela va mettre fin aux spéculations», avait déclaré la présentatrice de la CRTV en lançant l’émission dédiée à ce «moment mémorable».

«Même le combat de Ngannou, les gens ne regardaient pas comme ça», a commenté un badaud -en référence au célébrissime boxeur camerounais Francis Ngannou - dans un bar de la capitale, où une trentaine de personnes regardaient le direct.

Selon différents sites de traçage, le Boeing immatriculé CMR001 est parti en fin de matinée de Genève où, selon des sources officielles camerounaises, le chef de l’Etat résidait ces dernières semaines.

Des affiches souhaitant la bienvenue au chef de l’Etat sont apparues lundi dans les rues de la capitale camerounaise, a constaté l’AFP sur place.

«Welcome home, Mr President of the Republic» («Bienvenue M. le président de la République»), affirme cette affiche sur fond bleu illustrée d’un portrait en pied de Paul Biya.

Le 8 octobre, après une série de rumeurs alarmantes sur son état de santé, le gouvernement camerounais avait publié un communiqué inhabituel pour assurer qu’il se portait bien et rejoindrait le Cameroun «dans les prochains jours».

Le ministre de l’Administration territoriale avait ensuite formellement interdit aux médias d’évoquer son état de santé en menaçant les contrevenants de poursuites.

«Tribunal des réseaux sociaux»

Depuis, des rumeurs annonçant son retour imminent par deux fois la semaine dernière, contredites par d’autres rumeurs annonçant son décès ont circulé sur les réseaux sociaux. «Son retour met fin au tribunal des réseaux sociaux», a affirmé lundi un des présentateurs de la chaine publique.

Les questions s’étaient multipliées depuis son départ de Pékin début septembre, après le sommet du forum de la coopération Chine-Afrique (FOCAC).

Paul Biya n’a pas participé à la dernière Assemblée générale de l’ONU à New York, ni au dernier sommet de la Francophonie, à Paris. Ces derniers jours, il s’est fait représenter par le Premier ministre Joseph Dion Ngute aux différents rendez vous prévus à son agenda, selon la CRTV.

Depuis des années, le chef de l’Etat a multiplié les séjours privés à l’étranger, dédiés à des soins ou des villégiature dans un très luxueux hôtel de Genève, où l’opposition l’a accusé de dépenser des fortunes avec sa cour.

En 2018, un consortium international de journalistes d’investigation, l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), évalue à quatre années et demi en 35 ans la durée cumulée des séjours privés à l’étranger du «Président itinérant» et leur coût total à 65 millions de dollars.

Malgré sa santé chancelante, Paul Biya n’a pas exclu de se présenter pour un huitième mandat à la prochaine présidentielle prévue en octobre 2025 et n’a pas on plus désigné de dauphin officiel, laissant les prétendants se livrer à une guerre sourde.

Tout en affaiblissant les partis politiques, le chef de l’Etat surnommé «le sphynx» a fait violemment taire toute opposition depuis 2018: il a fait arrêter -et condamner- des centaines de manifestants pacifiques, dont son rival malheureux à la présidentielle, Maurice Kamto, emprisonné neuf mois sans procès en 2019 et libéré après d’intenses pressions internationales.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 21/10/2024 à 19h17