Législatives au Gabon: des attentes à la pelle... les inquiétudes de décevoir tout autant

«Si on veut que les têtes changent, il faut voter»

Le 28/09/2025 à 13h15

VidéoPrès de 20.000 candidats sont en lice pour les élections législatives organisées cette année non par une commission indépendante, mais directement par le ministère de l’Intérieur.

Les bureaux de vote ont ouvert leurs portes dans le calme dans cette matinée du 27 septembre. Sur le terrain, les militants de l’UDB, le parti au pouvoir, sont à leur poste. Xavier Ndong, l’un d’eux, fait sa ronde pour s’assurer du bon déroulement du scrutin. Pour les soutiens du président, l’enjeu est capital, il s’agit de conquérir la majorité à l’Assemblée nationale. «Le président, élu par une majorité écrasante, a un projet de société. Pour l’aider à le concrétiser, nous devons avoir plus de représentants», affirme-t-il, résumant la bataille qui se joue.

Pour de nombreux Gabonais, comme Michel Sima, croisé dans un centre de vote, ces élections sont synonymes d’action. «Si on veut le changement, il faut aller donner sa voix. Si on veut que les têtes changent, il faut voter», lance-t-il, exprimant un espoir partagé, celui de tourner définitivement la page de la transition.

Mais doute subsiste. Dans un régime hyper-présidentialiste, renforcé par la nouvelle constitution, quel pouvoir restera-t-il aux futurs députés ? Un électeur, André Obiang, tempère «même dans ce régime, le peuple a son mot à dire. La loi est pour le peuple et par le peuple. Je ne me décourage pas

L’ombre majeure sur ce scrutin reste son organisation. Pour la première fois, c’est le ministère de l’Intérieur, et non une commission indépendante, qui pilote les opérations. Une réforme dénoncée par l’opposition, qui craint pour l’impartialité.

Face aux critiques, les autorités se veulent rassurantes. Le Pasteur Gaspard Obiang, président d’une commission électorale à Libreville, garantit «avec l’engagement des scrutateurs et du ministère, nous aurons des élections aussi crédibles et transparentes que la présidentielle

Le pari est audacieux et consiste à garantir la transparence d’un processus géré en interne, avec près de 20.000 candidats en lice et un électorat partagé entre espoir et méfiance. Autre nouveauté, la diaspora gabonaise vote pour élire deux députés.

Les résultats, attendus les prochains jours, seront scrutés à la loupe. Ils diront si ce scrutin a tenu sa promesse alors sera ancré durablement le retour à l’ordre constitutionnel. En cas de second tour, il est prévu le 11 octobre. L’attente commence.

Par Ismael Obiang Nze (Libreville, correspondance)
Le 28/09/2025 à 13h15