«Cet accord signé par les ministres des Affaires étrangères de nos deux pays lors d’une cérémonie solennelle présidée par le secrétaire d’État américain M. Marco Rubio (...) ouvre la voie à une nouvelle ère de stabilité, de coopération et de prospérité pour notre nation», a affirmé Félix Tshisekedi dans un discours vidéo diffusé à l’occasion des 65 ans d’indépendance de l’ancienne colonie belge.
Après l’échec de plusieurs tentatives de négociations entre la RDC et le Rwanda, et le lancement par le Qatar d’une médiation encore en cours entre Kinshasa et le M23, un texte a finalement été signé vendredi par la ministre des Affaires étrangères congolaise Thérèse Kayikwamba Wagner et son homologue rwandais Olivier Nduhungirehe, sous les auspices des Etats-Unis lors d’une cérémonie à Washington.
Cet accord, que le président américain Donald Trump s’est félicité d’avoir obtenu, qualifié d’«étape importante» pour la paix par l’Union africaine et les Nations unies, ou encore de «pas en avant historique» par Paris, a été conclu après une série de trêves et d’accord de cessez-le-feu systématiquement rompus au cours des dernières années.
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Il prévoit des dispositions sur «le respect de l’intégrité territoriale et l’arrêt des hostilités» dans l’est de la RDC. Elles doivent encore être mises en œuvre.
L’accord comprend également un volet économique peu détaillé. Le président congolais avait évoqué en avril un accord minier avec le conseiller américain pour l’Afrique Massad Boulos, en visite alors à Kinshasa.
«Cet accord signé par les ministres des Affaires étrangères de nos deux pays lors d’une cérémonie solennelle présidée par le secrétaire d’État américain M. Marco Rubio (...) ouvre la voie à une nouvelle ère de stabilité, de coopération et de prospérité pour notre nation», a affirmé Félix Tshisekedi dans un discours vidéo diffusé lundi à l’occasion des 65 ans d’indépendance de l’ancienne colonie belge.
«Promesse de paix»
Ce texte, que M. Tshisekedi a lui aussi qualifié d’«historique» et devant marquer «un tournant décisif» pour mettre fin au conflit, «n’est pas seulement un document, il est une promesse de paix pour les populations» de l’est de la RDC, a ajouté le chef de l’Etat.
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Et alors que des pans entiers de la région sont sous contrôle du M23, le président congolais a affirmé vouloir «rétablir pleinement l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national».
L’accord publié par le Département d’Etat américain ne mentionne cependant le M23 que dans le cadre de la médiation menée Doha. Les gains territoriaux du groupe armé ne sont pas abordés.
Le M23, comme les milices locales pro-Kinshasa qu’il combat, n’a jamais officiellement reconnu les précédents cessez-le-feu. Et les observateurs, tout comme certains habitants de Goma, craignent que l’accord de paix ne reste qu’au stade de «geste symbolique».
Le front dans l’est de la RDC s’est stabilisé depuis février. Mais des violences se poursuivent entre le M23 et une myriade de milices locales plus ou moins autonomes, qui mènent des actions de guérilla.
Le M23 peine a administrer les territoires qu’il a conquis. L’ONG Human Rights Watch a par ailleurs accusé en juin le M23 d’exécutions sommaires de civils dans les zones occupées, notamment à Goma.
Kigali nie soutenir militairement le M23 mais affirme que sa sécurité est depuis longtemps menacée par des groupes armés, notamment les FDLR, créées par d’anciens dirigeants hutus liés au génocide rwandais de 1994 et installés depuis en RDC.
Premier producteur mondial de cobalt, la RDC, gigantesque pays des Grands Lacs, détient aussi dans les sous-sols d’importantes réserves de coltan, minerai stratégique pour l’industrie électronique.