Investissements directs étrangers en 2024: voici les 10 premiers pays africains bénéficiaires, selon la Cnuced

Le 21/06/2025 à 16h09

L’Afrique a reçu un flux record d’investissements directs étrangers (IDE) en 2024, selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement. Malgré une hausse de 75,11% à 97,03 milliards de dollars, l’Afrique n’en a représenté que 6,40%. Un seul pays d’Afrique du Nord figure dans le Top 10 des pays les plus bénéficiaires.

Les flux des investissements directs étrangers (IDE) en 2024 ont baissé de 11% pour s’établir à 1.531 milliards de dollars, selon le dernier rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (Cnuced) intitulé «World Investment Report 2025». Toutefois, cette forte contraction masque d’importantes divergences entre les économies.

En 2024, c’est le continent africain qui a affiché la meilleure progression avec des flux d’IDE en hausse de 75,11%, devant l’Amérique du Nord (+23%). Toutes les autres régions ont enregistré des flux en baisse: -58% pour l’Europe, -12% pour l’Amérique latine et les Caraïbes et -3% pour l’Asie. Grâce à la forte hausse des entrées d’IDE, la part de l’Afrique a progressé de 4% en 2023 à 6,40% en 2024.

Est-ce que cela signifie que l’Afrique est à nouveau dans les radars des investisseurs internationaux? Rien n’est moins sûr. Et pour cause, selon les données de la Cnuced, le nombre total des projets a reculé de 3% tandis que la valeur des annonces de nouveaux projets a chuté de 37%, passant de 178 à 113 milliards de dollars.

Ensuite, si les flux d’IDE vers cette région ont très fortement augmenté, cette hausse est à relativiser du fait qu’elle soit le fait quasi uniquement du mégaprojet de développement urbain de Ras El-Hekma en Égypte. En dehors de cet important projet Greenfield de 35 milliards de dollars, la progression des flux en direction du continent s’établit à 12% à 62 milliards de dollars.

Outre ce projet de construction, les secteurs des énergies renouvelables, des hydrocarbures et des minerais continuent d’attirer des IDE au niveau du continent.

Selon le rapport de la Cnuced, «l’Afrique a enregistré 7 contrats majeurs liés à la transition énergétique pour une valeur totale estimée à environ 17 milliards de dollars». L’Égypte, la Tunisie, le Maroc et la Namibie confirment leur positionnement dans cette course verte.

Par zone géographique, l’Afrique du Nord est le principal moteur de la croissance des IDE en Afrique avec des flux en hausse de 277,5% à 50,67 milliards de dollars, contre 13,42 milliards en 2023. Mais comme expliqué plus haut, cette progression est surtout le fait de l’Égypte dont les flux ont augmenté de 373,37% passant de 9,84 à 46,58 milliards de dollars.

Cette forte progression est le résultat de l’impact du projet Ras Al-Hikma qui vise à développer une ville urbaine intelligente à environ 350 km au nord-ouest du Caire, sur la Méditerranée.

Ce projet s’étendra sur une superficie de 170,80 millions de mètres carrés, soit 2,5 fois la superficie de la ville de Nice. Elle comprend une zone franche, un quartier financier et commercial, des espaces résidentiels, commerciaux et récréatifs (écoles, universités, hôpitaux, bâtiments administratifs, centres d’affaires, hôtels, centres touristiques et de loisirs…).

Cet important projet est à lui seul à l’origine des IDE d’un montant global de 35 milliards de dollars venant des Émirats arabes unis.

En dehors de ce mégaprojet, l’Égypte a attiré 11,58 milliards de dollars d’IDE pour le financement de grands projets d’énergies renouvelables, d’infrastructures énergétiques et de transport. Il s’agit d’un projet de câble de transport d’électricité sous-marin de 3,8 milliards de dollars, un projet de centrale hybride éolienne et solaire de 2,5 milliards de dollars et un projet éolien terrestre de 2,2 milliards de dollars.

Hormis l’Égypte, si on note des progressions des flux d’IDE en Afrique du Nord, il n’en demeure pas moins que les pays perdent du terrain par rapport au reste du continent.

Mise à part l’Égypte, aucun pays de la région ne figure dans le Top 10 des premiers bénéficiaires des IDE. Le Maroc n’occupe que le 12e rang avec 1,64 milliard de dollars malgré une hausse de 56,20% par rapport à 2023. Idem pour la Tunisie dont le flux d’IDE a augmenté de 22,08% à 940 millions de dollars grâce à des investissements dans les énergies renouvelables. L’Algérie, malgré les potentialités des investissements dans le secteur des hydrocarbures, n’a attiré que 1,44 milliard de dollars en 2024, en hausse de 19% par rapport à l’année précédente.

Outre l’Afrique du Nord, l’Afrique subsaharienne continue d’attirer des investissements dans le secteur minier, notamment ceux liés à la transition énergétique, tels que le lithium, le cobalt, les terres rares, les hydrocarbures et les énergies renouvelables. Ces investissements bénéficient à de nombreux pays africains dont République démocratique du Congo (RDC), la Namibie et la Zambie.

Outre les investissements dans les minéraux de transition, plusieurs pays africains bénéficient des investissements dans les industries extractives. C’est le cas de la Guinée dans des projets de minerai de fer, de la RDC dans les secteurs du cuivre et des minerais pour batteries électriques, de l’Ouganda et de l’Angola pour les hydrocarbures…

Au niveau de cette région c’est l’Éthiopie qui a attiré le plus d’IDE en 2024 avec un volume global de 3,98 milliards de dollars, soit la seconde économie ayant attiré le plus d’IDE en Afrique après l’Égypte.

Ces investissements sont allés principalement vers l’exploitation minière, l’immobilier, l’industrie manufacturière, le textile-habillement et les énergies renouvelables. La Chine demeure le principal investisseur dans ce pays avec 60% des nouveaux projets d’IDE.

Derrière, la Côte d’Ivoire se positionne avec un flux d’IDE de 3,80 milliards de dollars. Le pays attire des investissements dans l’industrie, les services, les industries extractives et l’agriculture.

Derrière l’Égypte, l’Éthiopie et la Côte d’Ivoire, les autres grands bénéficiaires des IDE en Afrique en 2024 sont le Mozambique (3,55 milliards de dollars), l’Ouganda (3,30 milliards), la RDC (3,11 milliards), l’Afrique du Sud (2,47 milliards), la Namibie (2,06 milliards), le Sénégal (2,02 milliards) et la Guinée (1,83 milliards).

Les 10 ayant enregistré les plus importants flux d’IDE en Afrique en 2024 (en milliards de dollars).

PaysIDE en 2024IDE en 2023Var 2024/2023
(%)
Egypte46,589,84+337,37 %
Ethiopie3,983,27+21,71 %
Côte d’Ivoire3,802,48+53,22 %
Le Mozambique3,552,51+41,43 %
Ouganda3,303,0+10,00 %
RDC3,112,57+21,01 %
Afrique du Sud2,473,47-28,82 %
Namibie2,062,30-11,74
Sénégal2,024,80-41,25 %
Guinée1,830,89+105,62 %

Source: Cnuced

Globalement, il s’agit d’investissements dominés par des projets miniers (Guinée, RDC,...) d’hydrocarbures (Ouganda, Mozambique, Sénégal...), d’énergies renouvelables (Namibie, Éthiopie...) et d’industrie (Éthiopie, Afrique du Sud...).

Par Moussa Diop
Le 21/06/2025 à 16h09