Attractivité des IDE en Afrique : le Top 5 des pays les plus prisés par les investisseurs

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Le 02/07/2024 à 10h35

L’Afrique fait face à une vive concurrence mondiale pour capter les investissements des multinationales dans une conjoncture morose. Dans un tel contexte, seuls les pays résilients, offrant un cadre stable et intégré aux chaînes de valeur mondiales, parviendront à consolider leur avance dans la course effrénée aux IDE. Zoom sur les 5 principales destinations des investissements en Afrique.

De 2020 à 2023, l’ordre de classement des pays africains en matière de flux d’IDE entrant a beaucoup évolué. Si lÉgypte et l’Afrique du Sud s’accrochent solidement au Top 2, ces trois dernières années, de nouveaux challengers comme l’Ouganda et le Sénégal ont intégrer le top 5 et ne devraient pas y être détrônés de sitôt.

En 2023, l’Afrique a connu un repli de 3% des investissements directs étrangers (IDE) entrants, s’établissant à 52,6 milliards de dollars selon les dernières statistiques de la CNUCED, contre 54,4 milliards de dollars en 2022 et 82,1 milliards de dollars en 2021. Malgré ce ralentissement, certains pays se sont démarqués en captant une part importante des flux IDE vers le continent.

Le top 5 africain des destinations IDE en 2023 est dominé par l’Égypte, en tête avec 9,841 milliards de dollars captés, suivie de l’Afrique du Sud (5,233 milliards), l’Éthiopie (3,263 milliards), l’Ouganda (2,886 milliards) et le Sénégal (2,641 milliards). Découvrons les facteurs clés qui ont permis à ces nations d’attirer les investisseurs étrangers.

L’Égypte, un poids lourd historique

Principale bénéficiaire d’IDE en Afrique depuis plusieurs années, l’Égypte capitalise sur son immense marché intérieur et les investissements massifs des pays du golf. Mais le pays souffre d’un déficit commercial structurel en raison de la faiblesse de son appareil exportateur et d’une part importante d’importations incompressibles.

Cette dépendance aux importations, combinée à des besoins de financement élevés, rend son économie vulnérable aux chocs extérieurs. A cela s’ajoute l’inflation dans le pays qui reste élevée. Les secteurs clés d’attraction des IDE sont l’énergie, l’immobilier, les services financiers et le tourisme. La vision égyptienne pour 2030 vise à stimuler davantage l’investissement dans des domaines porteurs comme les énergies renouvelables.

L’Afrique du Sud, géant économique en recul

Deuxième destination IDE africaine, l’Afrique du Sud a vu ses entrées chuter de moitié entre 2021 et 2023. Malgré un environnement des affaires développé, les investisseurs semblent refroidis par les défis socio-économiques persistants tels que les inégalités, le chômage et les pénuries énergétiques. Les secteurs miniers, financiers et manufacturiers demeurent toutefois attractifs, tout comme les projets verts émergents.

L’Ethiopie, la force montante

En troisième position, l’Ethiopie confirme son statut de hub industriel de la Corne de l’Afrique et son rang de 3ème africain, arraché en 2022 au Mozambique.

Profitant de coûts de production compétitifs et d’un vaste chantier d’infrastructures, le pays attire de nombreux investissements étrangers, notamment chinois, dans les zones économiques spéciales, l’agroalimentaire et les textiles.

L’Ouganda et le Sénégal, promesses de diversification

L’Ouganda et le Sénégal, respectivement 4ème et 5ème destinations IDE en 2023, illustrent l’émergence de nouveaux pôles d’attraction en Afrique. Leur classement est le même qu’en 2022. Ce qui est une confirmation de la bonne forme de ces deux pays, qui délogent en passant le Mozambique et le Nigéria respectivement 3ème et 4ème dans le classement de 2020, puis 3ème et 5ème dans celui de 2021. Il faut également noter que le Sénégal est l’un des rares pays du top 5 africain à avoir quasiment maintenu intact le volume des IDE entrants entre 2021 et 2023. L’Ouganda mise sur ses récentes découvertes pétrolières et gazières tandis que le Sénégal se positionne comme un hub logistique et minier, en plus de capitaliser sur ses récentes découvertes pétrolières et gazières.

Recul du Nigéria et du Mozambique

Anciens pays du top 5 en 2020 et 2021, le Nigéria et le Mozambique ont vu leurs flux d’IDE s’éroder ces dernières années en raison d’instabilités sécuritaires et de politiques défavorables aux investisseurs étrangers. Des réformes seront nécessaires pour regagner leur attrait.

Flux d’IDE entrant du top 5 africain de 2020 à 2023 (millions de dollars).

Pays2020Rang2021Rang2022Rang2023Rang
Égypte5.8521er5.1222ème11.4001er9.8411er
Afrique du Sud3.0622ème40.2151er9.2312ème5.2332ème
Éthiopie2.3815ème4.2604ème3.6703ème3.2633ème
Ouganda1.19110ème1.6489ème2.9634ème2.8864ème
Sénégal1.8466ème2.5886ème2.9295ème2.6415ème

Agriculture, eau et énergie verte décrochent

Malgré ces performances contrastées, l’Afrique peine à attirer des IDE dans des secteurs clés pour le développement durable conformément aux Objectifs Onusiens. Les financements vers l’agriculture, l’eau ou l’énergie verte ont sensiblement reculé en 2023.

Pour consolider leur rang, les champions africains des IDE devront poursuivre les réformes pro-investisseurs, le développement d’infrastructures modernes, la diversification sectorielle et la transition énergétique. La facilitation des affaires via des démarches dématérialisées et des guichets uniques reste un enjeu prioritaire.

La conquête des investissements verts, vecteurs d’emplois et de croissance durable, constituera l’un des prochains défis pour ces nations leaders.

Par Modeste Kouamé
Le 02/07/2024 à 10h35