Gambie: les députés rejettent le nouveau projet de constitution

Adama Barrow, président de la Gambie.

Le 08/07/2025 à 19h01

L’Assemblée nationale gambienne a rejeté un projet de nouvelle constitution visant à renforcer la démocratie dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest après des années de dictature sous l’ex-président Yahya Jammeh.

Ce projet était destiné à remplacer la constitution de 1997, qui avait permis à l’ancien dirigeant Yahya Jammeh de consolider son emprise sur le pouvoir après un coup d’État en 1994. M. Jammeh est en exil en Guinée équatoriale depuis janvier 2017.

Mais le projet n’a pas obtenu les trois quarts des voix nécessaires, seuls 35 des 56 membres de l’Assemblée nationale s’étant prononcés en sa faveur.

Lors de la séance plénière lundi soir, le ministre de la Justice Dawda Jallow a exhorté les députés à dépasser les clivages politiques et à soutenir le projet pour une «république plus forte et plus démocratique qui serve tous nos concitoyens avec justice et dignité».

La Commission de révision de la Constitution, instituée en juin 2018, avait publié son premier projet en novembre 2019. Il avait été rejeté par les députés en 2020, en raison du caractère «rétroactif» de la limitation à deux du nombre de mandats de l’actuel président Adama Barrow.

En 2024, le gouvernement a rédigé un deuxième projet supprimant la clause rétroactive, mais a été de nouveau rejeté par le Parlement lundi.

S’il avait été adopté, ce nouveau projet de constitution aurait permis à M. Barrow, arrivé au pouvoir en 2017, d’effectuer deux nouveaux mandats après l’entrée en vigueur de la nouvelle constitution.

En cas d’adoption, il devra toutefois faire l’objet d’un référendum avant de prendre force de loi.

Les députés de l’opposition ont accusé les rédacteurs du nouveau document de ne pas avoir pris en compte les voix des différentes parties prenantes, y compris les partis politiques et les organisations de la société civile.

Selon le nouveau gouvernement et les groupes de défense des droits humains, les 22 années de pouvoir de M. Jammeh ont été marquées par d’importantes violations des droits humains et par le détournement de fonds publics par l’ex-dirigeant à des fins personnelles.

Le gouvernement gambien a endossé en 2022 les recommandations d’une commission qui s’est penchée sur les atrocités perpétrées sous l’ère Jammeh, les autorités acceptant de poursuivre 70 personnes, dont M. Jammeh.

En décembre 2024, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a approuvé la création d’un tribunal spécial chargé de juger les crimes sous M. Jammeh.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 08/07/2025 à 19h01