Oumar Sylla, plus connu sous le nom de Foniké Menguè, et Mamadou Billo Bah sont deux responsables du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), un mouvement citoyen qui réclame le retour des civils au pouvoir en Guinée. Le collectif a été dissous en 2022 par la junte.
Ils ont été arrêtés le 9 juillet 2024 par des gendarmes et des soldats d’unités d’élite, selon le FNDC, qui a dénoncé un «kidnapping». De leur côté, les autorités ont toujours nié détenir les deux militants et leur sort reste inconnu à ce jour.
«Les autorités guinéennes doivent révéler sans attendre (leur) sort et s’assurer que les personnes suspectées d’être responsables des enlèvements et disparitions forcées en Guinée soient traduites devant la justice», ont déclaré mardi Amnesty International et 24 organisations guinéennes et internationales de défense des droits humains.
«Nous appelons (les autorités) à sortir de ce silence insupportable», car «rien n’indique qu’elles ont effectivement mené des enquêtes pour retrouver» les disparus, ont-elles ajouté dans un communiqué commun publié à la veille du premier anniversaire de leur disparition.
Elles ont également rappelé la disparition depuis décembre 2024 du journaliste Habib Marouane Camara, critique envers la junte, après avoir été lui aussi enlevé à Conakry par des hommes en uniforme. Ses proches restent sans nouvelles de lui depuis.
Les 25 organisations ont par ailleurs dénoncé la multiplication des «enlèvements suivis d’actes de tortures sur des individus connus pour leurs opinions critiques» dans le pays.
Elles ont notamment cité le cas du coordinateur national du Forum des forces sociales de Guinée, Abdoul Sacko, enlevé le 19 février 2025 puis retrouvé le même jour dans un état critique après avoir été torturé, selon ses avocats.
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Selon les organisations, plusieurs acteurs politiques et avocats avec qui elles se sont entretenues rapportent avoir été la cible de menaces d’enlèvement.
«Nous appelons les autorités guinéennes à respecter leurs obligations internationales en matière de droits humains en respectant, protégeant, promouvant et réalisant les droits humains de tous dans le pays», ont-elles écrit.
La junte, dirigée par le général Mamadi Doumbouya, est régulièrement accusée de répression contre les libertés. Elle a fait arrêter ou poursuivre de nombreux opposants, ou les a poussés à l’exil.
Elle s’était initialement engagée, sous la pression internationale, à rendre le pouvoir à des civils élus avant fin 2024, mais n’a pas respecté son engagement.
Elle a promis un retour à l’ordre constitutionnel cette année et annoncé la tenue d’un référendum constitutionnel le 21 septembre prochain.