Dans l’imaginaire collectif, les vacances riment souvent avec repos, mais pour de nombreux enseignants guinéens, elles sonnent plutôt comme une mise à l’épreuve. Ces mois de congés révèlent une réalité sociale souvent ignorée mais difficilement vécue par le corps enseignant.
Cette dure réalité se vérifie dans un établissement privé de Conakry. Ici, tout respire les vacances. Silence, cour déserte, atmosphère figée. Seul le directeur a déjà repris place dans son bureau.
Dans cet établissement privé, considéré comme l’un des meilleurs de la capitale de Guinée les vacances riment avec difficultés financières.
Lire aussi : Conakry. Windows, word, excel... l’informatique comme programme de vacances
Alors, des dispositions ont été prises, confie le directeur de l’établissement, Abdoulaye Mariame Diallo, directeur général du Groupe scolaire Icône d’Afrique: «Nous avons deux types d’enseignants, ceux du secondaire et ceux du primaire. Les enseignants du primaire, de la maternelle et les autres employés sont pris en charge 12 mois sur 12. C’est seulement les vacataires qui sont payés jusqu’à la fin du mois de juin et à qui il arrive de venir nous demander de l’aide. Souvent, on leur donne de quoi les aider. Ils rembourseront les sommes prêtées à la reprise des cours».
Dans un autre établissement scolaire, Alpha Ibrahima Diakité cumule les postes d’enseignant et de surveillant. Grâce à cette double fonction, son contrat lui garantit un salaire, même en période creuse: «tout père de famille a le droit de vivre correctement, avoir quelque chose pendant les vacances. Même lorsqu’on est à la maison, on doit avoir un peu d’argent pour faire profiter les enfants et toute la famille des vacances» dit-il.
Lire aussi : Conakry: quand le foot s’arrête, les vidéoclubs jouent les prolongations
Son confrère Mamadou Alimou Diop, enseignant, a quant à lui troqué la craie contre la caméra depuis quelque temps. Pour les enseignants comme lui, la trêve estivale est synonyme de poches vides.
Combien d’enseignants guinéens vivent cette situation? S’il est malaisé de trouver des statistiques sur le sujet, néanmoins le ministère de l’Enseignement Pré-universitaire et de l’Alphabétisation recense, pour l’année scolaire 2022-2023, un total de 53.388 enseignants en situation de classe dont 31.256 pour le secteur public, 21.175 pour le secteur privé et seulement 957 pour le communautaire. Les femmes y participent à hauteur de 39,8% au Public, 29,2% au Privé et 10,1% au Communautaire, soit 35,1% dans l’ensemble.