Les demandes d’adhésion du Sénégal et du Ghana à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) ont été validées par son conseil des gouverneurs. Les deux pays doivent encore satisfaire à certaines exigences préalables avant que cette adhésion ne devienne définitive.
Une fois le processus achevé, ces deux pays rejoindront les deux premiers d’Afrique subsaharienne admis au sein de cette institution financière créée en 1991. La Berd et chargée de faciliter le passage à une économie de marché dans les pays d’Europe centrale et orientale, puis s’est élargie à d’autres régions du monde pour compter actuellement 71 pays membres.
Les pays d’Afrique subsaharienne en étaient jusqu’à présent écartés. Ce n’est que lors de l’Assemblée annuelle 2023 de la Berd, les 17 et 18 mai en Samarcande en Ouzbékistan, que les gouverneurs de la banque ont décidé de modifier les statuts afin de permettre un élargissement de son champ d’action géographique à l’Afrique subsaharienne.
Mais les gouverneurs avaient clairement signifié lors de cette rencontre que l’ouverture vers l’Afrique sera «limitée et progressive», précisant que celle-ci sera concentrée sur six pays d’Afrique subsaharienne: Bénin, Côte d’Ivoire, Ghana, Sénégal, Nigeria et Kenya. Un virement stratégique qui s’explique certainement par le changement géopolitique mondial avec l’influence grandissant des pays des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, Égypte, Émirats arabes unis, Éthiopie et Iran) en Afrique au détriment des pays européens.
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C’est suite à ce changement que la Côte d’Ivoire et le Bénin ont adhéré à la Berd en octobre 2023. En mars 2024, ce sont le Sénégal et le Ghana qui ont vu leurs demandes d’adhésion acceptées. Le Nigeria et le Kenya devraient suivre.
Reste que pour être membres, il faut en faire la demande et surtout satisfaire à certaines exigences préalables pour bénéficier ainsi des financements de cette banque.
Mais qu’elle sera l’apport de la Berd aux pays d’Afrique subsaharienne membres? La Berd apporte à ses membres des financements dans divers domaines: ressources naturelles, institutions financières, agro-alimentaire, industrie, services, infrastructures, énergie…
Cela étant, les interventions de la banque dans un projet répondent à trois conditions fondamentales: favoriser la transition économique et le développement du marché en promouvant l’initiative privée et l’esprit d’entreprise, respect des principes de la démocraties pluralistes et rentabilité, au moins à terme, des projets financés.
Ainsi, les pays d’Afrique subsaharienne ayant obtenu le statut de pays bénéficiaire et qui respectent les critères de conditionnalité des financements de la Berd pourront obtenir des investissements de l’organisation dans divers domaines: énergie, eau et assainissement, mobilité urbaine, sécurité alimentaire, santé, éducation…
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A noter que les trois pays d’Afrique du Nord membres de la Berd bénéficient d’importants concours financiers. En Egypte, à titre d’exemple, la Berd a financé 11 milliards d’euros à travers 174 projets depuis le début de ses opérations dans ce pays en 2012. Le Maroc et la Tunisie ont reçu des financements pour des montants respectifs de 4 et 1 milliards d’euros.
Les pays d’Afrique subsaharienne membres pourront disposer d’un nouveau canal important de financement indéniable surtout quand on sait que les pays de cette région africaine sont ceux qui accusent le plus de déficit dans divers domaines, notamment l’énergie, les infrastructure, l’assainissement… Ce sont aussi des pays où le secteur privé a besoin de soutiens de la Berd aux banques locales pour faciliter l’accès aux crédits bancaires.
Toutefois, les pays africains dont les adhésions ont été actées devront attendre au moins en 2025 pour espérer obtenir les premiers financements de la Berd dont le soutien à l’Ukraine reste actuellement la priorité.
A noter que depuis sa création, la Berd a investi près de 190 milliards d’euros dans 6.844 projets et soutenu des réformes politiques visant à développer le secteur privé dans une trentaine de pays. La banque finance des projets dans une trentaine de pays.