Sénégal: les incertitudes des lendemains de retraite

Le 15/07/2025 à 14h23

VidéoLa retraite est censée être une étape de la vie où l’on peut enfin se reposer après des années de dur labeur. Pourtant, au Sénégal, pour de nombreux retraités, cette période rime souvent avec précarité et solitude.

Entre ceux qui peinent à joindre les deux bouts et ceux qui ont su anticiper, la retraite est vécu différemment.

Mar Seck, ancien capitaine des forces armées sénégalaises, a travaillé comme sapeur-pompier au ministère de l’Intérieur. «J’ai fait mes premières armes dans les forces armées en sortant de l’ENSOA en 1979. J’ai été promu sergent, puis affecté au ministère de l’Intérieur comme sapeur-pompier, un poste que j’ai occupé pendant 38 ans jusqu’à ma retraite. Ceux qui souffrent le plus à la retraite, ce sont ceux qui vivent en location, sans maison ni famille. Mais moi, même si je n’ai pas grand-chose, j’ai ma famille. Mes frères me soutiennent, mes enfants travaillent. Et chaque fin de mois, j’ai un petit revenu. Certes, on tirait le diable par la queue, mais on parvenait tout de même à mettre un peu de côté pour espérer des jours meilleurs», confie-t-il.

Cheikh Darou Seck, lui, a travaillé dans l’enseignement pendant 34 ans. Sa situation diffère de celle de Mar Seck. «Pour être honnête, je n’ai pas vraiment senti la transition. J’étais professeur d’anglais, mais aussi actif dans l’audiovisuel: réalisateur, caméraman et infographiste. Il faut avoir plusieurs cordes à son arc. Parce qu’il faut le dire, la retraite surprend beaucoup de gens. La pension est souvent réduite de moitié, donc il faut compenser ce manque à gagner. Si on n’a pas les compétences pour continuer à exercer une activité, la surprise peut être brutale. Pour moi, la retraite ne signifie rien de particulier. Aujourd’hui, je me consacre à ma passion avec encore plus d’aptitudes intellectuelles que lorsque j’étais en fonction.»

Ces anciens travailleurs du secteur public insistent sur l’importance de se préparer à la retraite, une leçon tirée de leurs propres parcours. «La retraite, c’est avant tout un état d’esprit», affirme Cheikh Darou.

«Chez nous, les Mourides, nous avons cette doctrine: prier comme si l’on devait mourir demain et travailler comme si l’on ne devait jamais quitter cette terre. Pour nous, c’est une continuité. Je suis actif dans au moins trois projets

Mar Seck abonde dans le même sens: «la retraite, c’est une étape comme une autre de la vie. Nos supérieurs dans l’armée nous disaient toujours que la retraite se prépare dès maintenant. Aujourd’hui, c’est une vie; demain, c’en est une autre. L’avenir se construit dans le présent.»

La vie des retraités sénégalais oscille donc entre oubli et résilience. Tandis qu’une partie peine à survivre avec une pension insuffisante, d’autres, ont compris à temps l’importance de l’anticipation et de la diversification.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 15/07/2025 à 14h23