Parce qu’ils offrent une alternative de transport rapide, abordable et efficace, les deux et trois roues se sont propagés et font même partie du paysage urbain de Nouakchott. Rien d’étonnant à ce succès car comme le souligne la Banque africaine de développement (BAD), «les deux et trois-roues motorisés constituent la plus grande partie du parc de véhicules motorisés et leur sécurité pose un défi important en Afrique.»
Mais à Nouakchott, ce serait la forte communauté malienne qui serait derrière la propagation de ce mode de locomotion dont l’Afrique détenait en 2016 près de 20% du total mondial selon une étude de la BAD publiée en 2022. Dans la capitale de Mauritanie, ces engins servent surtout au transport de marchandises, concurrençant les anciennes charrettes et les camionnettes.
Et sont donc sujets à de nombreuses pannes que la BAS attribue, entre autres facteurs, à la faible qualité des infrastructures routières, au mauvais état des deux-roues, à leur surcharge et à la non-utilisation d’équipements de protection. Ces griefs vont comme un gant à Nouakchott où ces deux et trois roues connaissent souvent des pépins techniques.
Face à la quasi absence de service après-vente, de nombreux garages de réparation ont ouvert à mesure que le nombre de tels engins augmente. Des garages tenus généralement par des étrangers.
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Pour Adama Koné, ressortissant guinéen installé à Sebkha une commune de la populeuse banlieue sud-ouest de Nouakchott, décrit les conditions de travail. «Je suis là depuis un peu plus d’un an, je suis arrivé avec mes deux de mes camarades. Nous travaillons dans le garage de celui qui nous a accueillis. Nous réparons les motos KTM. Pour trouver les pièces non disponibles, nous sollicitons un autre magasin, plus grand, situé à Barak Police. Nous les sollicitons pour les pannes que nous n’arrivons pas à réparer». KTM est un constructeur autrichien de vélos, de motos et de voitures de sport.
Le Malien Ibrahima Diallo s’est spécialisé dans les trois roues et dit ne pas rencontrer de problèmes particuliers pour s’approvisionner en pièces détachées, «nous trouvons sur le marché des pièces de bonne qualité. Nous réparons les motos, les tricycles et tous nos clients sont satisfaits, Machallah. Nous dépannons également les deux-roues et les grosses motos. Ça fait un peu plus d’un an que je suis ici, en Mauritanie. Il y a du travail, on se débrouille plutôt bien.»
Son compatriote Al Housseinou Coulibaly, lui, n’a cure des tricycles, «je répare plusieurs catégories de motos, en dehors des trois roues, c’est-à-dire les KTM, les Djakarta… Toutes les pièces sont disponibles aujourd’hui sur le marché de Nouakchott». Une disponibilité qui assure le service après vente et répond à une demande croissante de la clientèle.
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Enfin, Sankalou Boré, client malien, témoigne du service offert par les garagistes des deux et trois roues. «Je suis propriétaire d’une moto. Je fréquente régulièrement ce garage et à chaque fois que je viens, je trouve le travail bien fait. Le technicien répare très bien et dispose de toutes les pièces».
Dans son étude, la BAD a également identifié les principaux facteurs qui réduisent la qualité des deux et trois roues: absence de normes nationales relatives à l’aptitude à la circulation, absence d’agence de régulation et de personnel qualifié pour organiser les tests périodiques, absence de lois imposant des inspections techniques et le... manque de mécaniciens qualifiés et de garages bien équipés. À Nouakchott, les Maliens ont visiblement investi ce créneau.