Alors qu’il se trouvait dans sa cellule au moment du journal télévisé, le détenu «a exprimé son refus de regarder (les informations sur) les activités présidentielle», a indiqué dans un communiqué la branche de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) à Gafsa, dans le centre du pays.
Dénoncé par un codétenu, il a fait l’objet d’une enquête puis a été jugé et condamné à six mois de prison, a ajouté l’ONG.
Son avocat, Adel Sghaier, a précisé que son client, remonté contre le chef de l’Etat, avait proféré des insultes et demandé à changer de chaîne lorsque son image était apparue à la télévision.
Ce détenu en voulait au président parce qu’il a été expulsé d’Italie, où il vivait sans papiers, a expliqué l’avocat. L’homme juge que le président a «détruit sa vie» avec les accords passés entre la Tunisie «et les autorités italiennes pour (renvoyer) les migrants clandestins», selon la même source.
D’après Me Sghaier, son client a été poursuivi en vertu de l’article 67 du Code pénal, qui punit l’offense contre le chef de l’Etat, mais le tribunal a requalifié les faits et l’a condamné pour atteinte aux bonnes moeurs afin d’éviter de donner une dimension «politique» à l’affaire, a-t-il assuré.
Lire aussi : Tunisie: 12 à 35 ans de prison pour plusieurs personnalités, dont Rached Ghannouchi
L’homme était incarcéré dans le cadre d’un autre dossier, dans lequel il a bénéficié d’un non-lieu, a poursuivi l’avocat. C’est lorsqu’il n’a pas été libéré que ses proches ont appris sa condamnation.
Sollicité par l’AFP, le porte-parole du tribunal de Gafsa n’était pas joignable dans l’immédiat.
Depuis le coup de force du président Saied le 25 juillet 2021, par lequel il s’est octroyé les pleins pouvoirs, des ONG tunisiennes et étrangères déplorent une régression des droits et libertés dans le pays berceau du «Printemps arabe».
La LTDH a dénoncé dans son communiqué la «politique de bâillonnement des voix, qui s’étend même aux prisonniers dans leurs cellules».