Pétrole: l'Opep s'entend pour limiter sa production

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Le 29/09/2016 à 06h00

Coup de théâtre à Alger: les pays de l'Opep sont parvenus mercredi soir, à la surprise générale, à s'entendre pour limiter leur production d'or noir afin de soutenir des prix durablement affaiblis par une offre excédentaire.

"Nous avons un accord pour (baisser la production à) 32,5 à 33 millions de barils par jour", a déclaré à des journalistes le secrétaire d'Etat nigérian pour le Pétrole, Emmanuel Ibe Kachikwu, à l'issue d'une réunion informelle des membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à Alger.

Le ministre qatari de l'Energie, Mohamed Saleh Al-Sada, qui présidait la réunion, a confirmé ce chiffre.

C'est peu ou prou le nombre de barils qui étaient pompé en mars dernier par le cartel pétrolier (32,47 mbj), d'après des chiffres de l'Agence internationale de l'Energie (AIE).

"C'était une très longue réunion à Alger mais historique", a déclaré le ministre qatari en précisant que le niveau de réduction par pays serait défini d'ici le sommet du cartel à Vienne, le 30 novembre.

Il a souligné que la réunion s'était déroulée dans une atmosphère "très positive reflétant la forte cohérence de l'Opep" afin de soutenir les prix de l'or noir, en chute libre depuis deux ans.

De son côté, le ministre de l'Energie algérien Noureddine Boutarfaa a souligné que cette décision inattendue sur une baisse de la production était "unanime et sans réserve".

La veille, l'Arabie saoudite et l'Iran, les deux grands rivaux régionaux au Moyen-Orient, avaient pourtant affiché des divisions.

Ryad et Téhéran avaient dit douter de la possibilité de trouver un terrain d'entente.

Le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, avait ainsi répété que Téhéran souhaitait avant tout rétablir ses niveaux de production antérieurs aux sanctions internationales liées à son programme nucléaire, soit environ 4 millions de barils par jour (mbj), voire un peu plus, contre 3,6 mbj aujourd'hui.

L'Arabie saoudite, premier producteur de l'Opep, avait fini par assouplir sa position, affecté économiquement comme ses pairs par la dégringolade des cours, qui ont perdu plus de la moitié de leur valeur en environ deux ans.

Le puissant ministre saoudien de l'Energie, Khaled al-Faleh, avait déclaré mardi soir que son pays consentirait à ce que l'Iran, mais aussi la Libye et le Nigeria, soient autorisés à "produire aux niveaux maximum qui fassent sens".

"Changement de cap pour l'Arabie"

Ces deux derniers pays, fragilisés par des conflits internes, pompent actuellement très en deçà de leur capacité et ne voulaient pas renoncer à des exportations génératrices de devises.

C'est un changement de cap pour l'Arabie saoudite, qui refusait jusqu'ici d'envisager une réduction de sa production si les autres pays n'allaient pas dans le même sens.

La Russie, deuxième producteur mondial de brut, a indiqué qu'elle se positionnerait à l'issue de la réunion de l'Opep, dont elle ne fait pas partie.

La réduction de la production décidée reste toutefois inférieure à la hausse de la production observée sur un an au sein de l'Organisation: en août, le cartel a pompé 33,47 mbj, un bond de 930.000 barils sur un an, selon l'AIE.

Il n'empêche, cette nouvelle a immédiatement fait grimper les cours du brut, qui ont clôturé en nette hausse à New York, alors que les marchés s'attendaient au contraire à ce que la réunion informelle d'Alger aboutisse à un constat de désaccord.

Les cours du baril de référence (WTI) aux Etats-Unis a gagné 2,38 dollars à 47,05 dollars sur le contrat pour livraison en novembre.

A Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance a également progressé, de 2,72 dollars à 48,69 dollars. 

Pourtant, estiment des analystes, un tel accord ne change rien aux fondamentaux du marché, plombé depuis mi-2014 par une offre excédentaire, fruit du boom des hydrocarbures de schiste américains et de la stratégie de l'Opep d'ouvrir à fond les robinets pour maintenir ses parts de marché.

"Même si un accord était conclu, ce serait insuffisant pour soutenir les prix au-delà d'une hausse temporaire due à un sentiment positif", estimait le groupe d'analyse économique Capital Economics dans une note publiée avant l'accord.

"Après tout, presque tous les membres de l'Opep et la Russie produisent déjà au maximum de leurs capacités ou à des niveaux proches de celles-ci".

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 29/09/2016 à 06h00