L’action diplomatique de l’Algérie plombe les efforts en vue de traduire sur le terrain la force du G5 Sahel. Ainsi, les difficultés pour rendre opérationnelle cette brigade serviront de véritable fil rouge à la prochaine visite du président français, Emmanuel Macron, à Nouakchott, en marge des 31e assises du sommet des chefs d’Etats et de gouvernement de l’Union Africaine (UA), prévues la semaine prochaine.
Cette révélation est contenue dans la dernière livraison de la «Lettre du Continent», un organe généralement bien informé, qui parle de visite «de la dernière chance» pour sauver la brigade antiterroriste du G5 Sahel est commune au Burkina Faso, au Mali, à la Mauritanie, au Niger et au Tchad.
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Chez nos confrères parisiens, le ton dégage une sourde inquiétude au sujet de l’avenir d’une force anti-terroriste «censée être opérationnelle depuis le mois de mars, mais restée au point mort à cause de l’hostilité à peine voilée de l’Algérie».
En effet, ajoute la même source «au siège de l’Union Africaine (UA), le torchon brûle entre le Commissaire chargé de la paix et de la sécurité de l’UA, Smail Chergui, et le président de la commission de l’UA, le tchadien Moussa Faki Mahamat».
Explication de cette mini guerre au sommet des instances de l’organisation panafricaine «relais d’influence d’Alger, le premier s’emploie à torpiller les efforts de la France en rappelant la prééminence de l’Algérie sur ce dossier, notamment depuis 2013, date de démarrage du processus de Nouakchott, prémices du G5 Sahel».
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En clair, ce n'est un secret de polichinelle pour personne, Alger voit d'un mauvais oeil cette force soutenue par la France et qui réduit son influence au niveau de la région sahélienne en l'écartant de la gestion du volet terroriste au niveau de la région.
Outre l'impact d'Alger, il y a aussi le volet du financement qui est loin d'être résolu en dépit des engagements des bailleurs de fonds.
Les tensions évoquées par «La Lettre du Continent» remontent jusqu’au niveau de l’implication de l’Organisation des Nations Unies (ONU) dans le dossier du G5 Sahel «qui reste aléatoire en raison de l’opposition des Etats-Unis à en modifier le mandat pour en faire une force de casques bleus».
Résultat des courses «plus de 6 mois après son lancement à Bamako, le fonds fiduciaire devant recueillir les contributions au G5 Sahel reste une coquille vide.
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Sur les 414 millions d’euros promis, seuls 500.000 euros ont été versés par le Rwanda. L’Union Européenne (UE), relativement au premier volet du financement, a libéré 50 millions d’euros. Seulement, là encore, ce pactole dort dans les tiroirs de l’agence «Expertise France».
Les 30 millions d’euros promis par les Emirats Arabes Unis (EAU) ne sont pas non plus disponibles. Quant aux 100 millions d’euros annoncés par l’Arabie Saoudite, destinés à l’achat d’équipements militaires pour les troupes françaises, ils ne seront pas décaissés avant fin 2018».
Une absence de moyens qui exaspère les militaires et «grève la lutte contre le terrorisme».
A ces «déboires» financiers qui font du présent un sujet de vive inquiétude et plombent l’avenir, il faut également ajouter les petites jalousies mesquines et les antagonismes à peine voilés entre les leaders du G5 Sahel, «le tchadien Deby et le mauritanien Aziz s’agacent régulièrement de la fragilité d’Ibrahim Boubacar Keita au moment où les attaques terroristes redoublent au Mali».