Algérie: emprunt national, entre opacité et détournement de l’objectif initial

DR

Le 18/10/2016 à 15h31, mis à jour le 18/10/2016 à 15h41

L’emprunt obligataire lancé le 17 avril dernier devrait logiquement être clôturée hier. Au delà du peu d’informations circulant sur cette opération, on note que son objectif de départ a été détourné pour faire face au déficit budgétaire abyssal.

Kiosque le360 Afrique: Voilà 6 mois que l’Etat algérien a lancé son programme d’emprunt obligataire baptisé «Emprunt national pour la croissance économique». L’objectif assigné alors à cette opération était de contribuer à sortir l’Algérie de la crise dans laquelle elle est embourbée dans le sillage de la chute du cours du baril de pétrole.

Ainsi, la manne collectée dans le cadre de cet emprunt national devrait servir uniquement «aux financements d’investissements structurants et porteurs de croissance», comme le rapelle le quotidien algérien El Watan. Toutefois, cet engagement n’a pas été respecté.

En effet, face au déficit abyssal qui se creuse de mois en mois, l’Etat algérien, dont les ressources n’évoluent pas au rythme des dépenses, malgré l’adoption d’un plan d’austérité avec à la clé le gel de certains investissements et la limitation des importations pour certains biens, dont l’automobile via la mise en place des quotas, a ponctionné dans la cagnotte de l’emprunt national. Ainsi, sur la manne collectée, 317,62 milliards de dinars ont été mobilisés pour couvrir le déficit budgétaire abyssal.

Outre le détournement de l’objectif initial en ponctionnant dans les fonds levés pour financer le déficit budgétaire, la gestion de l’emprunt est aussi critiquée pour son manque de transparence. Ainsi, d’après El Watan, «cet appel public à l’épargne, censé capter une partie de l’immense manne d’argent qui fuit les circuits officiels, pèche par ailleurs par un manque flagrant de transparence quant aux usages auxquels seront destinés, au final, les fonds collectés», ajoutant que «durant toute la période où il était ouvert à la souscription du grand public, peu d’informations ont jusque-là filtré sur les fonds collectés auprès des épargnants, si ce n’est quelques détails épars, dévoilés épisodiquement par des banques de la place».

Du coup, les seuls chiffres disponibles sont ceux dévoilés en juillet dernier par la primature algérienne et faisant état de 462 milliards de dinars collectés, auxquels il faut ajouter les engagements des chefs d’entreprises algériennes d’injecter quelque 150 milliards de dinars, portant la cagnotte à 600 milliards de dinars après plus de 3 mois de collecte.

En attendant un bilan exhaustif des souscriptions à cette importante opération de levée de fonds, les observateurs algériens se demandent si celle-ci ne risque pas d’être prolongée vu le contexte toujours difficile que traverse le pays à cause d’un baril de pétrole toujours bas.

Par Karim Zeidane
Le 18/10/2016 à 15h31, mis à jour le 18/10/2016 à 15h41