Algérie: une désindustrialisation à grande vitesse

Le 22/05/2017 à 17h29, mis à jour le 22/05/2017 à 17h37

La politique du gouvernement algérien s’est traduite par une importante et rapide désindustrialisation du pays. Cette situation est reflétée par la part de l’industrie manufacturière hors hydrocarbures dans le PIB, qui est tombée de 35% à seulement 5% en l’espace de 3 décennies.

La désindustrialisation est un phénomène qui touche de plus en plus un très grand nombre de pays. Toutefois, pour le cas de l’Algérie, il a atteint un point inquiétant. C’est ce qui ressort du rapport de la Banque africaine de développement portant sur «Les perspectives économiques de l’Afrique en 2017».

La preuve de cette désindustrialisation est illustrée par la chute de la part de l’industrie manufacturière hors hydrocarbures dans le Produit intérieur brut (PIB) du pays. Celle-ci est ainsi passée de 35% à la fin des années 80 à seulement 5% du PIB en 2015. La dégradation du tissu industriel public y est pour beaucoup. 

La situation risque de s'aggraver davantage avec la crise que traverse le pays actuellement au moment où l'on parle de risques de faillites de nombreuses entreprises.

Pourtant, le pays compte 2,7 millions d’entreprises privées dont 16% opèrent dans l’industrie (textile, agroalimentaire, chimie, caoutchouc et plastique, pharmaceutique, matériaux de construction, etc.). 

Seulement, la politique de soutien à la consommation de l’Etat à travers les subventions a surtout favorisé les importations au détriment de la production locale. 

Toutefois la chute des recettes de pétrole a mis à nu cette politique et la réindustrialisation est devenue une priorité que l’Etat a entrepris d'encourager.

Ainsi, «d’autres filières sont en phase de développement avec cette politique de réindustrialisation, annoncée notamment dans le cadre du nouveau plan de croissance adopté en juillet dernier et mis en exergue à travers ses principaux axes orientés vers le secteur privé et sur une stratégie triennale de stabilisation du budget pour faire face à l’impact de la baisse des cours du pétrole sur l’économie», souligne El Watan.

Celle-ci s’est avérée nécessaire pour faire face aux effets négatifs des chocs externes. La chute du cours du baril de pétrole ayant entraîné un creusement des déficits jumeaux en Algérie et démontré la fragilité de l’économie algérienne, le seul salut du pays reste la réindustrialisation.

Toutefois, cette politique connaît quelques couacs au niveau de certains secteurs comme l’automobile. L’absence d’un écosystème fait que cette industrie se réduit au montage de véhicules dont presque toutes les pièces sont importées. En plus, l’environnement juridique et règlementaire n’est pas vraiment favorable à l’arrivée des investisseurs étrangers.

Par Karim Zeidane
Le 22/05/2017 à 17h29, mis à jour le 22/05/2017 à 17h37