L’Algérie veut alléger les règles de change pour sortir du piège des hydrocarbures

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Le 29/03/2021 à 09h57, mis à jour le 29/03/2021 à 09h59

Afin de diversifier les exportations constituées essentiellement de pétrole et de gaz, les autorités monétaires algériennes veulent introduire quelques allègements pour les entreprises, notamment les start-ups qui vendent leurs services à l'international.

Les autorités monétaires algériennes annoncent une réforme imminente du régime de change afin de favoriser les exportations hors hydrocarbures. C’est ce que rapporte le site d’information Tout sur l’Algérie(TSA), qui cite un document de la Banque centrale algérienne dont le gouverneur est le président du Conseil de la monnaie et de l'éparge (CMC)". Le CMC, en effet, "a décidé de desserrer légèrement l’étau sur le contrôle des changes pour permettre le développement des exportations hors hydrocarbures", écrit TSA.

Il s’agit surtout de permettre désormais aux "exportateurs de disposer de la totalité de leurs recettes d’exportations logées dans les comptes en devises, pour les besoins de leur activité", d’après une note de la Banque centrale.

De plus, ces mesures "dispensent de l’obligation des formalités de domiciliation bancaire les exportations de prestations des services numériques ainsi que celles portant sur les prestations de services des start-ups et des professionnels non commerçants".

Toujours selon l’institut d’émission, ces «nouvelles modifications, introduites dans la réglementation des changes, visent non seulement à encourager l’acte d’exportation, en permettant aux exportateurs de disposer de la totalité des recettes en devises générées par leurs activités mais aussi de capter, in fine, les intervenants dans le domaine du commerce extérieur des services numériques et en ligne, ainsi que les professionnels non commerçants, en vue de leur intégration dans une démarche d’inclusion financière.»

En réalité, l'objectif de ces mesures n'est pas tant de doper les exportations hors hydrocarbures que de favoriser simplement le rapatriement des devises. Car, avec les difficultés que rencontrent les entreprises algériennes quand elles veulent réaliser la moindre importation, y compris d'installations techniques, elles préfèrent ne pas déclarer la totalité de leur chiffre d'affaires à l'export. Certaines d'entre elles n'hésitent pas à recourir à des filiales étrangères créées avec des prête-noms afin de laisser une part importante de leurs recettes dans les paradis fiscaux. Il n'est pas évident que les mesures annoncées fassent effet.

Concernant les entreprises de services également, en l'occurrence les start-ups, ce n'est pas par de telles réformes que celles-ci se développeront. En effet, quoi de plus facile pour elles que de continuer à vendre leurs services à l'étranger sans se soucier le moins du moinde du rapatriement des recettes. Car, contrairement à l'exportation de marchandises, celle d'un service peut se faire en toute discrétion et n'a pas besoin de telles mesues sur la législation de change pour se développer.

Pour l'heure, le dinar continue de chuter et sa valeur est à un plus bas historique avec un cours officiel d'un dollar pour 134,23 dinars, le vendredi dernier. Sur le marché noir, à Square Port Saïd, un euro s'échange déjà autour de 210 dinars depuis plusieurs mois. Ces mesures ne peuvent rien y changer tant que des réformes en profondeur ne permettront pas de changer de paradigme.

Par Djamel Boutebour
Le 29/03/2021 à 09h57, mis à jour le 29/03/2021 à 09h59