Algérie: pourquoi les voitures montées localement coûteront 25% plus cher

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Le 03/05/2021 à 14h00, mis à jour le 03/05/2021 à 14h05

Les unités de montage automobile vont reprendre du service après la décision de l’Etat de libérer les kits automobiles importés par les constructeurs. Toutefois, les prix des voitures montées en Algérie, qui étaient déjà très élevés par rapport à ceux des voitures importées, vont flamber.

Décidemment, l’Algérie n’est pas sortie du fiasco de l’industrie automobile. Après moult tergiversations, les autorités ont finalement décidé de libérer les stocks de kits automobiles importés par les constructeurs et bloqués dans les ports depuis plusieurs mois par les autorités. Il s’agit du reliquat des importations de kits SKD («Semi Knocked down» qui consiste à importer un véhicule en kit prémonté) demeurés en instance de dédouanement depuis 2019.

Ainsi, les unités de montage, où ce qui en reste, sachant que certains ont fermé et que d’autres ne sont pas en situation de reprendre dans le contexte actuel, sont autorisées à reprendre du service, après presque deux ans d’arrêt, en utilisant le restant du stock de kits automobiles disponibles.

Seulement, une fois ce stock consommé, les unités de montage pourront continuer à importer des kits automobiles sans toutefois bénéficier des incitations fiscales qui leur étaient auparavant accordées.

En clair, les opérateurs du secteur devront dorénavant s’acquitter d’une TVA de 19% pour ceux d’entre eux dont la période de grâce accordée dans le cadre de leurs investissements (5 ans d’exonération de paiement des droits et taxes) est arrivée à expiration. A cela s’ajoute une nouvelle taxe sur les véhicules neufs, qui démarre à partir de 100.000 dinars et qui varie selon le volume de la cylindrée et du type de moteur (essence ou diesel) et des droits de douane compris entre 5 et 15%.

Conséquence, les acteurs du secteur vont supporter de nouvelles charges qui vont impacter le coût de production des véhicules. Et, en conséquence, ils seront obligés de répercuter les impacts de ces nouvelles charges sur leur client en augmentant sensiblement les prix des voitures neuves montées en Algérie. Selon le quotidien Le Soir d’Algérie, «les prix de ces futurs véhicules assemblés localement subiront une sérieuse et substantielle augmentation, évaluée entre 20 et 30% par rapport au prix hors taxe initial».

Cela concerne particulièrement Renault Production Algérie, le principal acteur du montage automobile du pays, sachant que pour les autres acteurs dont les patrons sont actuellement en prison (Mahieddine Tahkout/Hyundai, Mourad Eulmi/Volkswagen, etc.) doivent attendre le jugement définitif pour pouvoir régulariser la situation des kits automobiles bloqués.

Du coup, ceux-ci seront obligés de supporter davantage de charges qu’ils vont répercuter sur les clients. Une situation qui va un peu doucher l’ardeur de certains Algériens en quête d’un véhicule neuf qui n’est plus disponible sur le marché depuis bientôt deux ans à cause des interdictions d’importations de véhicules neufs et de l’arrêt des unités de montage automobile du pays. Et pour corser le tout, même les importations de véhicules d’occasion sont interdites depuis quelques années par les autorités.

Ces politiques d’interdiction étaient derrière le niveau élevé des prix des voitures montées en Algérie qui étaient très largement supérieurs à ceux des voitures qui étaient importées par les concessionnaires. Déjà en 2017, la voiture de marque Renault Symbol «Made in Algeria» coûtait environ 200.000 dinars (1.600 euros, à l’époque) de plus que sa jumelle importée de France. A cette époque, les concessionnaires bénéficiaient pourtant des avantages préférentiels sur les taxes et droits de douane.

En clair, le «Made in Algeria» va coûter très cher. Cela concerne particulièrement Renault dont l’unité de production a été ouverte en 2016 et qui est à date d’aujourd’hui le principal acteur du montage automobile algérien. Partant, toujours selon Le Soir d’Algérie, les prix d’une voiture importée au prix de 1.639.000 dinars hors taxe (HT), équivaudraient approximativement à 2.048.000 dinars toute taxe comprise (TTC), soit une hausse en moyenne de 25%. Ainsi, la voiture Renault Clio qui coûtait 2.149.000 dinars devrait augmenter de 50 millions de centimes pour atteindre 2.686.000 dinars.

Seulement, les Algériens n’ont pas le choix, pour ceux d’entre eux qui ont bien évidemment les moyens, l'acquisition d'un véhicule neuf figure oparmi les priorités après plusieurs années d'interdiction d'importations de véhivules neufs, surtout que la perspective d’un retour des importations de véhicules par les concessionnaires est loin de s’éclaircir. 

Par Karim Zeidane
Le 03/05/2021 à 14h00, mis à jour le 03/05/2021 à 14h05