L’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) vient d’acheter une importante quantité de blé estimée entre 600.000 et 700.000 tonnes de blé meunier dans le cadre d’un appel d’offres. Cette quantité serait donc supérieure à celle de l’annonce d’achat de 500.000 tonnes, illustrant ainsi les besoins importants de l’Algérie en blé, après des tentatives infructueuses d’acquérir cette céréale devenue une denrée rare depuis le déclenchement de la crise Russie-Ukraine, deux pays qui concentrent à eux seuls 30% des échanges mondiaux de blé.
Concernant l’origine de ce blé, elle serait diversifiée, même si le blé français devrait représenter une part importante, ont déclaré des négociants européens. Il s’agit ainsi d’un revirement après qu’Alger a décidé à se tourner vers le blé russe suite aux tensions entre Paris et Alger d’octobre 2021. Alger avait même modifié son cahier des charges concernant les dégâts d’insectes pour favoriser les importations de blés russes en réhaussant le taux limite de grains punaisés de 0,5% à 1% dans ses appels d’offres.
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Seulement, la crise ukrainienne est passée par là et les sanctions occidentales ont entraîné l’impossibilité de s’approvisionner en blé via la mer Noire poussant Alger à rebattre rapidement ses cartes et à retourner chez son fournisseur traditionnel de blé en annulant une récente exclusion qui avait frappé le plus grand fournisseur européen de cette céréale, la France.
Si les autorités algériennes n’ont pas officiellement annoncé le prix d’achat, il est estimé, selon l’agence Reuters à environ 485 dollars la tonne (CIF), soit un montant compris entre 291 et 339,5 millions de dollars. A noter que «l’Algérie ne publie pas les résultats de ses appels d’offres et les rapports sont basés sur des estimations commerciales», souligne Reuters. Toutefois, ce prix est confirmé sur le site spécialisé français Terre-net qui explique que l’Algérie a acheté 600.000 tonnes de blé meunier, en grande partie français, expliquant que «le prix se serait traité à 485 dollars/tonne C&F à chargement mars-avril». «Il s’agit d’un prix très élevé qui, pour moi, crée une nouvelle référence reflétant le resserrement de l’offre mondiale de blé à la suite de la crise ukrainienne», a souligné un négociant. A titre de comparaison, sur Euronext, à échéance mai 2022, la tonne de blé se négociait à 388,25 euros.
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Il s’agit ainsi d’un prix établissant un niveau record qui pourrait attester un besoin crucial d’Alger de reconstituer ses stocks. En février dernier, le pays avait acheté environ 700.000 tonnes à un cours compris entre 345,50 et 346,50 dollars la tonne (coût et fret), juste avant le déclenchement de la crise ukrainienne et la flambée des cours.
A la suite de cette acquisition, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid, avait indiqué que l’Algérie disposait d’un «stock de sécurité» de céréales pour permettre de satisfaire tous les besoins des citoyens de manière régulière. Toutefois, le ministre s’était abstenu de donner des indications sur le volume actuel des stocks de blé dans le pays.
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L’Algérie est le second importateur de blé en Afrique derrière l’Egypte. En 2021, elle s’est classée au 5e rang des plus grands importateurs de blé au monde avec 7,7 millions de tonnes. Cette année, à cause de la sécheresse qui touche le pays et le Maghreb en général, les importations devraient être beaucoup plus importantes.