C'est une scène qui rappelle la Corée du Nord ou peut-être les rationnements de la grande guerre. Des centaines d'Algériens se retrouvent dans un stade. Un agent leur donne des numéros et ils prennent place sur une des nombreuses chaises disposées à un mètre de distance les unes des autres sur la piste d'athlétisme pour respecter la distanciation sociale qu'impose la pandémie. Autant dire que les autorités y ont mis la forme.
Ils sont là pour recevoir de la farine, plus précisément 10 kilogrammes de farine. Pour une famille de quatre personnes, il y en a à peine de quoi tenir une semaine, mais c'est beaucoup mieux que rien. Parce que sans cette pitance, le pain pourrait leur être inaccessible puisque depuis plusieurs semaines, il est impossible de trouver la baguette de pain de 10 dinars.
Au cours d'une journée, jusqu'à 800 familles pourront recevoir leur sac de 10 kg, soit, au total, huit tonnes de farine distribuées quotidiennement, c'est dire qu'il s'agit d'une goutte d'eau dans la mer quand on sait qu'un pays comme l'Algérie consomme jusqu'à 1,5 million de tonnes de farine par an, dont un million importé. Il aurait falu donc plus de 180.000 opérations de ce type pour couvrir les besoins des Algériens. Il s'agit donc d'un simple saupoudrage de farine suite aux récentes déclarations du président Abdelmadjid Tebboune.
"Ceux qui ont provoqué la crise de la semoule sont derrière cette pénurie de farine", avait-il dit, sans jamais les mettre en évidence, puisque la réalité est tout autre.
Il s'agit juste de l'un des produits de nécessité figurant sur la longue liste des pénuries. Car, la baguette de pain à 10 dinars était quasiment indisponible dans la presque totalité des boulangeries d’Alger depuis bien longtemps. Les boulangers ne proposaient à leurs clients que du pain à 15 ou 20 dinars, voire plus. Les clients, résignés, n’ont souvent pas le choix et sont obligés d’acheter cher.
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Au-delà de la baguette de pain, les Algériens sont confrontés à la pénurie de médicaments, dont 320 dénominations communes internationales sont en rupture de stock, de l'aveu même des pharmaciens. Même les livres scolaires sont introuvables en cette rentrée 2021 au point où le ministre de l'éducation nationale, Abdelhakim Belabed, a été obligé de démentir ce que beaucoup de médias ont rapporté.
Parmi les pénurie, figure également celle du lait qui fait aussi l'objet de distribution similaire à celle de la farine, comme le montrent les vidéos publiées dans les réseaux sociaux.