Malgré la volonté du gouvernement algérien de faire croire le contraire, les citoyens du pays pétrogaziers d'Afrique du Nord vivent un calvaire à cause des récurrentes pénuries de médicaments. Le quotidien L'Expression titre sur "La pénurie de trop", affirmant que le "citoyen (est) agacé par des manques injustifiées de plusieurs médicaments". La situation est tellement grave qu'elle s'est invitée à l'assemblée populaire nationale (APN) lors du "débat sur le Plan d'action du gouvernement".
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Car, si la gestion catastrophique de la troisième vague du Covid-19 par le gouvernement d'Abdelmadjid Tebboune a profité des vacances parlementaires pour échapper à la critique en temps réel, tel ne sera pas le cas avec la prochaine, mais également l'actuelle pénurie de médicaments. Les députés de l'opposition ont ainsi demandé des comptes au ministre de la Santé, prévient L'Expression.
"La problématique de la pénurie du médicament, qui revient cycliquement depuis des années, passe pour être l'une des plus graves préoccupations des citoyens. Les alertes sur la disparition de médicaments des officines se font malheureusement trop régulières et concernent des produits excessivement importants. Des médicaments vitaux disparaissent du marché et même dans les hôpitaux. Il est arrivé épisodiquement, que la Pharmacie centrale des hôpitaux annonce des ruptures de stock sur des médicaments dont on ne peut pas imaginer l'indisponibilité dans les structures sanitaires, à l'image de traitements pour des cancers de l'enfant", écrit la même source.
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Or, selon le Syndicat national des pharmaciens d'officine (Snapo), il s'agit non pas d'un ou deux médicaments, mais bien de centaines de dénomination communes internationales (DCI), en d'autres termes de molécules, qui sont concernées. Le Snapo a régulièrement fait le décompte portant sur plus de 300 médicaments introuvables.
"On en est arrivé en Algérie à ce que le Doliprane se vende sous le comptoir et parfois fasse l'objet d'une vente concomitante. Cela illustre le niveau de décrépitude atteint par un secteur, promis pourtant, à un avenir radieux", déplore le journal.
La conséquence de cette situation calamiteuse est l'émergence d'un marché noir de produits illégalement importés, voire simplement de faux médicaments à l'image de certains pays d'Afrique subsaharienne.
"Ces cassures régulières dans l'approvisionnement des officines et les structures sanitaires ont malheureusement favorisé le développement de comportements criminels au regard de la loi algérienne. Il s'agit des «importations par cabas», un commerce en toute illégalité, mais dont la pratique est très florissante aux quatre coins du pays", écrit la même source.
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Le problème, c'est que "des «importateurs spécialisés» fournissent à des pharmaciens peu scrupuleux des médicaments inexistants en Algérie", et qui seront consommés par des malades qui n'ont aucune garantie de leur qualité, ni même de leur provenance.
Pourtant, malgré cette situation, les autorités continuent de se gargariser de chiffres sans signification réelle et qui n'ont aucun impact sur la pénurie. Ainsi, pas plus tard que le 14 septembre dernier, l'agence Algérie presse service relayait les propos de Drifa Khoudir, la secrétaire générale du ministère en charge de l'Industrie pharmaceutique, qui faisait état de 1.102 médicaments, tous fabriqués dans le pays. Mais, elle s'était bien gardée de démentir que cette production supposée avait permis de réduire, un tant soit peu, la pénurie portant sur les 320 médicaments que réclament les officines à cor et à cri.