Le gouvernement a beau multiplier les annonces sur la fin des ruptures des médicaments, la situation n’évolue pas. Depuis plusieurs mois, plusieurs dizaines de médicaments sont introuvables en Algérie dont des médicaments essentiels et vitaux pour le traitement de maladies chroniques.
Ainsi, selon le Syndicat national des pharmaciens d’office (Snapo), ce sont 335 médicaments qui sont en rupture en Algérie, selon le recensement du regroupement professionnel à fin décembre dernier. Ceux-ci concernent des pathologies aussi diverses que l’endocrinologie (Arimidex, Nolvadex, Méthotrexate, Aracytine,…), l’hypertension artérielle (Mono Tildiem), la rhumatologie, la thyroïde (Lévothyrox),… Pire, même les médicaments soulageant les douleurs et fièvres en cas de rhume comme le Paracétamol sont concernés par cette rupture. En clair, ces pénuries touchent toutes les sphères thérapeutiques.
En octobre 2020, face à la pénurie de médicaments pour le traitement du cancer des enfants, la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) avait reçu de la Chine un don constitué de médicaments en rupture de stock en Algérie. Mais le lot s’est avéré insuffisant face à la forte demande.
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Conséquence, la situation est critique pour de nombreux malades, notamment ceux atteints du cancer dont on note «une grosse rupture des médicaments pour la prise en charge des enfants cancéreux -notamment le Méthotrexate haute dose, l’Aracytine, et on annonce prochainement l’Asparaginase, des produits indiqués dans le traitement des leucémies, tumeurs du cerveau, cancer des os et les lymphomes chez les enfants- a déclenché une panique générale dans les services d’oncologie pédiatrique à travers le territoire national», selon El Watan.
«Nous sommes contraints de donner des ordonnances aux parents afin qu’ils essayent par eux-mêmes de se procurer ces médicaments. Pourquoi le problème ne se pose pas ailleurs dans le monde? pourquoi tant de négligence?», s’est demandée Pr Houda Boudiaf, chef de service d’oncologie pédiatrique au CHU Mustapha Bacha d’Alger, cité par El Watan.
Seulement, «les pharmaciens sont, dans la plupart des cas, incapables de répondre à la détresse des malades face à ces ruptures récurrentes et dont la liste ne cesse de s’allonger», souligne le Snapo.
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Une situation que déplore Hamida Kettab, présidente de l’Association El-Amel, d’aide aux cancéreux dans un entretien accordé à TSA. Parlant des enfants atteints du cancer, elle explique que «les petits corps sont d’emblée épuisés par la pathologie et n’arrivent pas à trouver ou trouve difficilement les traitements. Pour les structures, il existe seulement trois ou quatre centres d’oncologie pédiatrique».
Face à cette situation critique, de nombreux malades ne peuvent compter que sur la solidarité, en sollicitant famille et amis ou proches résidant à l’étranger pour disposer des médicaments introuvables en Algérie. Toutefois, la conjoncture actuelle de crise sanitaire et les fermetures des frontières rendent la situation encore plus chaotique. La situation est si critique que certaines personnes ayant les possibilités de se déplacer entre l’Algérie et l’Europe font du trafic de médicament un business lucratif.
Conséquence de ces pénuries, les complications sont aujourd’hui nombreuses, notamment les métastases, grosses tumeurs et récidives, chez les malades du cancer. Cela concerne aussi toutes les autres pathologies: tensions artérielles, problèmes cardiaques, insuffisance rénale,… Du coup, le nombre de décès à cause des pénuries de médicaments augmente sachant que ces malades deviennent très vulnérables face à la pandémie du Covid-19.
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Face à cette situation de pénurie chronique de médicaments, les autorités algériennes apportent la même réponse depuis plusieurs mois. La directrice de la Pharmacie centrale des hôpitaux, Fatima Ouakti, affirme que la rupture du Méthotraxate est liée au problème de fabrication et d’approvisionnement de la matière première en Inde et en Chine, impactés par la pandémie du Covid-19, ajoutant que la situation sera résolue très prochainement. Seulement, ces promesses d’approvisionnement ont été annoncées déjà en octobre 2020 par la Pharmacie centrale sans que cela ne soit suivi d’effets.
Et selon les pharmaciens algériens, le problème n’est pas seulement lié à l’approvisionnement, d’autres problèmes sont aussi constatés dont la rétention des stocks, la dissimulation des produits et d’autres pratiques anti-déontologiques. Autant de facteurs qui ont poussé les pharmaciens à exprimer leur colère en appelant au boycott des pharmacies et à une «grève blanche».
La pénurie des médicaments n’est pas un cas isolé en Algérie. Les pénuries touchent de nombreux produits: voitures, produits alimentaires, etc. Les responsables algériens imputent ces pénuries et tous les autres maux de la société au Covid-19. Mais en réalité, ces maux s'expliquent surtout par la volonté affichée des autorités à réduire autant que possible la facture des importations des biens importés afin de réduire le déficit commercial dans un environnement marqué par la baisse significative des réserves en devises du pays.
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Une situation qui a poussé les autorités algériennes à interdire un millier de produits à l’importation. A ce titre, et face à la demande des acteurs pharmaceutiques, les autorités avaient installé un couloir vert au début de la pandémie pour faciliter les importations de médicaments et leur exonération des taxes et droits de douane.
Elles avaient même autorisé la Pharmacie centrale des hôpitaux à conclure des marchés de gré à gré dans le but de faciliter l’approvisionnement des médicaments vitaux à la population. Seulement, ces facilités sont restées lettre morte et ont entrainé des pénuries incompréhensibles depuis plusieurs mois. Et l’argument expliquant la situation par la pandémie du Covid-19 ne tient pas quand on sait que l’Algérie est le seul pays de la région à enregistrer des pénuries de médicaments essentiels. Ces problèmes d’approvisionnement liés à la pandémie du Covid-19 ne sont constatés ni au Maroc ni en Tunisie...