Bouteflika. «Je ne souhaite pas qu’on le débranche», dit l'ex-patron de la DGSE

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Le 26/09/2018 à 16h39, mis à jour le 26/09/2018 à 17h11

L’ancien ambassadeur et ex-patron de la DGSE française revient à la charge sur le régime de Bouteflika. Il dénonce la «momification du pouvoir algérien» par certains groupes qui souhaitent maintenir le statu quo pour continuer à s’enrichir.

L’ancien patron de la Direction générale de la sécurité extérieure en France en remet une couche après sa sortie dans Le Figaro la semaine dernière où cet ancien ambassadeur de France en Algérie avait sévèrement taclé la classe dirigeante algérienne gravitant autour du président Bouteflika.

Invité cette fois-ci par l’Association de la presse diplomatique, Bernard Bajolet a réitéré ses propos sur le président algérien malgré les protestations en sourdine de la classe politique algérienne et la sortie de l’ambassadeur actuel de France en Algérie, poussé à se démarquer des propos de son prédécesseur afin d’éviter une crise diplomatique d’envergure entre les deux pays.

Pour cette seconde sortie, l’ancien premier espion de France n’y va pas de main morte avec des termes on ne peut plus clairs sur l’état de santé du président algérien. «Soyons clair. Je souhaite longue vie au président Bouteflika: je ne suggère donc pas qu’on le débranche». Une manière de dire clairement que Bouteflika ne dirige pas son pays et qu’il est maintenu politiquement en vie pour assurer les intérêts de la nomenclature. Il l’explicite clairement en soulignant que «cette momification du pouvoir algérien sert certains groupes qui, aussi, se maintiennent au sommet et espèrent continuer à se maintenir et à s’enrichir».

Cette nouvelle sortie intervient après celle d’il y a quelques jours dans les colonnes du Figaro. L’ancien chef de la DGSE y avait clairement signifié que le président Bouteflika est «maintenu en vie artificiellement» par la nomenclature algérienne.

Ces sorties de Bernard Bajolet rentrent dans le cadre de la publication des mémoires de l’ancien patron des espions français sous le titre «Le soleil ne se lève pas à l’Est».

Malgré ces attaques frontales de la part de l'ex-patron de la DGSE et ancien ambassadeur à Alger, qui sonnent comme des vérités crues venant d’un homme très renseigné de par les fonctions occupées en Algérie et en France, les dirigeants algériens, avec leurs réactions épidermiques, préfèrent faire profit bas. Même le secrétaire général du FLN, Djamel ould Abbès, prêt à défendre Bouteflika pour des déclarations de moindre importance, a été modéré dans sa réaction. Il a tout simplement souligné que le «président Bouteflika, que Dieu lui prête longue vie, dirige le pays comme un maestro». Aucune critique n'a été décochée en direction de l’auteur de ces attaques. Peut-être de peur que d’autres révélations puissent suivre.

Par Karim Zeidane
Le 26/09/2018 à 16h39, mis à jour le 26/09/2018 à 17h11