Algérie: le président de l'Assemblée a finalement été "destitué"

Said Bouhadja, président de l’Assemblée populaire nationale (APN).

Said Bouhadja, président de l’Assemblée populaire nationale (APN).. DR

Le 17/10/2018 à 16h33, mis à jour le 17/10/2018 à 16h35

Le feuilleton de la crise parlementaire algérienne se poursuit avec cette toute dernière décision du Bureau de l'Assemblée nationale populaire de déclarer la vacance du poste de Président de l'Assemblée nationale. Le motif est, pour le moins, tiré par les cheveux.

Il s'agit là d'un dangereux précédent pour la balbutiante démocratie algérienne. Sans se baser sur aucune référence juridique, les députés de la majorité viennent de décider de la "destitution" pure et simple de l'un des socles du pouvoir législatif, en la personne de Saïd Bouhadja, jusqu'ici président de l'Assemblée nationale populaire. 

En effet, réunis à titre extraordinaire, les membres du bureau du Parlement, sous la présidence du "député le plus âgé" ont constaté la "vacance du poste de Président de l'APN". 

Pour que cette décision inédite soit valable, elle nécessite l'aval de la Commission juridque du Parlement algérien, qui a été saisie par ce même Bureau. En principe, cela ne devrait être qu'une simple formalité. 

Bien évidemment, tout ceci semble bel et bien être une mascarade. En tout cas, c'est ce que dit en substance la victime de cette cabale.

En effet, d'après la Constition algérienne, il y a vacance du pouvoir en cas de démission, de décès, d'incapacité ou d'incompatibité du Président de l'APN.

Or aucun de ces quatre cas de figure n'est avéré. Les députés de la majorité, eux, affirment qu'il y a incompatibilité à partir du moment où ils ne s'entendent plus avec Saïd Bouhadja, oubliant que cette fonction est au moins aussi importante que celle de chef de l'Etat au sens de la Constitution du pays.

Par conséquent, le président de l'Assemblée nationale est censé bénéficier de la même protection juridique que le président de la République pour exercer sa fonction jusqu'à la fin de son mandat. 

En tout cas, comme dès le début de cette crise, Saïd Bouhadja n'entend pas se laisser faire. En effet, il a décidé de saisir le Conseil constitutionnel algérien pour faire annuler cette décision du Bureau du Parlement. Ce feuilleton à multiples rebondissements n'en est donc pas à son dernier épisode...

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 17/10/2018 à 16h33, mis à jour le 17/10/2018 à 16h35