Algérie: qui est le gendre de Gaïd Salah, nommé nouveau directeur de campagne de Bouteflika?

Abdelghani Zaâlane, nouveau directeur de campagne d'Abdelaziz Bouteflika.

Abdelghani Zaâlane, nouveau directeur de campagne d'Abdelaziz Bouteflika.. DR

Le 03/03/2019 à 15h34, mis à jour le 03/03/2019 à 15h35

Après le limogeage brusque de Abdelmalek Sellal, le président Abdelaziz Bouteflika a nommé Abdelghani Zaâlane, l’actuel ministre des Transports et des travaux publics, au poste de directeur de campagne. Ce novice, inconnu du sérail, n’est autre que le gendre de l’homme fort de l’armée algérienne.

Après le limogeage brusque de Abdelmalek Sellal, ancien Premier ministre, appelé il y a tout juste un mois pour diriger la campagne du cinquième mandat de Abdelaziz Bouteflika, la nomination de son remplaçant a beaucoup surpris en Algérie.

Abdelghani Zaälane, l’actuel ministre des Travaux publics et des transports, est un inconnu des péripéties politiques algériennes et ne dispose à ce jour d’aucune expérience en matière de gestion d’une élection présidentielle, contrairement à Sellal - et donc sait encore moins diriger la campgane électorale d'un président.

Agé de 55 ans, le nouveau directeur de campagne du président Bouteflika est diplômé de l’Ecole nationale d’administration (ENA) et titulaire d’un magister en administration et développement.

Abdelghani Zaâlane a entamé sa carrière en tant que cadre supérieur aux collectivités locales en (1990-1999) avant d’être promu secrétaire général de la wilaya de Tébessa (1999), puis de Batna (2004) avant d’être désigné wali d’Oum El Bouaghi (2006), de Béchar (2010) puis de bénéficier d’une importante promotion avec sa nomination en tant que wali d’Oran (2013).

C'est à partir de ce poste qu'il est propulsé en 2017 ministre en charge du portefeuille de ministre des Travaux publics et des transports.

Abdelghani Zaâlane est plutôt un homme de terrain, plutôt qu'un politique pur et dur.

De plus, il n’a pas d’expérience de haut niveau, ni les qualités d'un tribun à même de haranguer les foules et de cogner sur d'éventuels adversaires, comme savent déjà si bien le faire Sellal, Tebboune, Ould Abbes, Ouyahia, etc., et n'a donc pas leur charisme pour tenir en haleine des citoyens lors de meetings.

La nomination de Abdelghani Zaâlane a donc surpris les observateurs de la vie politique en Algérie, surtout durant la période trouble de ces élections, lors de laquelle où le pouvoir a besoin d'un homme connu, fin connaisseur des rouages socio-politiques algériens.

Pourquoi alors Bouteflika fait-il donc désormais reposer sa réélection sur un novice de la vie politique, à un moment où sa candidature est si décriée?

Quelques réponses peuvent d'ores et déjà être avancées.

D’abord, la nomination surprise de ce néophyte peut aisément s’expliquer par ses liens avec l’homme fort de l’armée algérienne, le général Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense et chef d’Etat-major de l’armée algérienne.

Le nouveau directeur de campagne de Bouteflika n'est en effet autre que le gendre du puissant général.

Sa désignation peut être donc vue comme «imposée» par l’homme fort de l’armée algérienne, lequel continue ainsi à placer ses hommes dans l’échiquier politique du pays.

Une manière de propulser son gendre -et de le promouvoir une fois que Abdelaziz Bouteflika serait réélu.

En impliquant ainsi ou ou des proches de Gaid Salah dans le processus électoral, il pourrait s’agir aussi d’une tactique de proches de Bouteflika, qui souhaiteraient, de cette manière, s’appuyer davantage sur la fidélité de l’homme fort de l’armée algérienne en cette période trouble, où le pouvoir compte fortement sur le soutien de l’armée, alors que les manifestations comencent à se durcir. 

Toutefois, d’autres explications peuvent encore être avancées pour expliquer cette nomination surprise. Le média local Algérie1.com parle «d’un choix par défaut, car, nous a-t-on indiqué, de nombreuses personnalités approchées auraient tout simplement poliment décliné la proposition».

Il faut dire que la situation n’est pas simple à gérer...

Il s'agit là d'un poste empoisonné, en ce sens que le directeur de campagne est censé être le premier défenseur du bilan du président.

Et comme la situation est imprévisible aujourd'hui en Algérie, certains caciques du FLN (Front de libération nationale, parti historique au pouvoir) et du RCD (Rassemblement pour la culture et la démocratie, faisant partie de la coalition au pouvoir), très connus et ayant l’étoffe de diriger la campagne du président, préfèrent aujourd'hui faire profil bas, le temps de constater d'eux-mêmes l'évolution de la situation.

D'où, donc, ce choix surprenant de Abdelghani Zaâlane, gendre du plus puissant général de l'armée algérienne. 

Par Karim Zeidane
Le 03/03/2019 à 15h34, mis à jour le 03/03/2019 à 15h35