Algérie. Gaïd Salah s'entête: voici l'intégralité de son discours

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Le 16/04/2019 à 14h45, mis à jour le 16/04/2019 à 14h50

Alors qu'il était attendu pour apporter des réponses aux revendications des manifestants qui demandent le départ des trois B, Ahmed Gaïd continue de faire la sourde oreille. A la place, il menace certaines personnes dont le général Mediène, alias Toufik.

Son discours de ce mardi 16 avril était sans doute le plus attendu. Mais, visiblement, Ahmed Gaïd Salah continue de s'entêter. Les Algériens voulaient l'entendre sur le maintien ou non des trois B, à savoir Belaiz, Bensalah et Bedoui, à la tête de l'Etat, notamment après la démission ce matin du Président du Conseil constitutionnel.

Ils voulaient également, qu'il se prononce concernant la désobéissance civile qui est en train de s'organiser. Puisque les magistrats et les maires refusent de prendre part à l'organisation de l'élection.

Enfin, son avis sur l'illégitimité du gouvernement Bedoui était attendu. Trois ministres, dont celui de l'Intérieur, troisème personnalité de l'Etat, ont été chassés de Béchar. Le ministre de l'Energie a, quant à lui, été encerclé par les badauds à l'aéroport de Tébéssa. Et le ministre du Tourisme a annulé un déplacement à Tissemsilt. 

De plus, des manifestants pacifiques ont été molestés le vendredi dernier, après les menaces que lui-même avait proférées contre ceux qui ont des revendications "irréalisables". 

Sur toutes ces questions cruciales, le chef de l'armée, qui joue de plus en plus le rôle de véritble président de l'ombre, était attendu. Il continue à faire la sourde oreille et préfère ne pas répondre à la plupart de ces interpellations indirectes. Le seul point sur lequel il a répondu, c'est la protection des manifestants. Donc, il demande aux forces de l'ordre de ranger la matraque. 

Au lieu de demander aux deux B restants de partir, il a préféré s'attaquer au général Mohamed Mediène, alias Toufik, ex-chef des services secrets, qu'il cite de façon claire. "J’ai déjà évoqué, lors de mon intervention du 30 mars 2019, les réunions suspectes qui se tiennent dans l’ombre pour conspirer autour des revendications du peuple et afin d’entraver les solutions de l’Armée nationale populaire et les propositions de sortie de crise. Toutefois, ces parties, à leur tête l’ex-chef du Département du renseignement et de la sécurité, ont tenté, en vain, de nier leur présence dans ces réunions, et d’induire en erreur l’opinion publique, et ce, en dépit de l’existence de preuves irréfutables sur ces faits abjects", affirme-t-il. 

Il menace également tous ceux qui ont ruiné le pays par la gabegie et les détournements de plusieurs milliers de milliards de dinars. Pense-t-il au clan Bouteflika et à ses amis oligarques? Cela semble bien être le cas, puisqu'après avoir dénoncé une bande d'imposteurs qui a usurpé la fonction de président de la république, il n'a exigé aucune action contre les frères Bouteflika qui étaient visiblement visés. 

L'intégralité du discours de Ahmed Gaïd Salah

"J’insiste une fois encore sur la nécessité de suivre la voie de la sagesse et de la patience, étant donné que la situation prévalant au début de cette transition est exceptionnelle et complexe, nécessitant la conjugaison des efforts de tous les patriotes dévoués en vue de sortir indemne de cette épreuve. De notre part, nous réitérons l’engagement de l’Armée nationale populaire d’accompagner les institutions de l’Etat durant cette transition, tout en soulignant que toutes les perspectives possibles restent ouvertes afin de surpasser les difficultés et trouver une solution à la crise dans les meilleurs délais, car la situation ne peut perdurer davantage, vu que le temps nous est compté. Ainsi, l’Armée nationale populaire se considère toujours mobilisée aux côtés de tous les dévoués, au service de son peuple et de sa patrie, pour honorer l’engagement qu’elle a pris afin de réaliser les revendications et les aspirations légitimes du peuple, pour construire un Etat fort, sûr et stable ; un Etat où chaque citoyen trouve sa place naturelle et ses espoirs mérités.

Dans ce contexte, et comme j’ai souligné lors d’occasions précédentes la nécessité pour la justice de poursuive les individus impliqués dans des affaires de corruption, nous attendons à ce que les instances judiciaires concernées accélèrent la cadence du traitement des différents dossiers concernant certaines personnes ayant bénéficié indument de crédits estimés à des milliers de milliards, causant préjudice au Trésor public et dilapidant l’argent du peuple".

"J’ai déjà évoqué, lors de mon intervention du 30 mars 2019, les réunions suspectes qui se tiennent dans l’ombre pour conspirer autour des revendications du peuple et afin d’entraver les solutions de l’Armée nationale populaire et les propositions de sortie de crise. Toutefois, ces parties, à leur tête l’ex-chef du Département du renseignement et de la sécurité, ont tenté, en vain, de nier leur présence dans ces réunions, et d’induire en erreur l’opinion publique, et ce, en dépit de l’existence de preuves irréfutables sur ces faits abjects. Nous avons affirmé, ce jour là, que nous allions dévoiler la vérité, et les voici continuer à s’agiter contre la volonté du peuple et œuvrer à attiser la situation, en approchant des parties suspectes, et inciter à entraver les solutions de sortie de crise. A cet effet, je lance à cette personne un dernier avertissement, et dans le cas où il persiste dans ses agissements, des mesures légales fermes seront prises à son encontre".

"Nous sommes convaincus que le peuple algérien digne et civilisé est à même de relever tous les défis et surmonter toutes les crises, grâce à son génie puisé de ses valeurs et fondements historiques et sa longue expérience dans les épreuves, et nous affirmons que nous comprenons ses revendications légitimes pour lesquelles nous nous sommes engagées à œuvrer à les concrétiser. Bien entendu, la réalisation de ces objectifs requiert plusieurs étapes nécessitant de la patience, de la compréhension et le rejet de toute forme de violence. Ainsi, l’étape principale étant concrétisée, elle sera, certainement, suivie par d’autres jusqu’à la réalisation de tous les objectifs escomptés, et ce, sans perturber le fonctionnement des institutions de l’Etat, qui devraient être préservées pour permettre la gestion des affaires de l’Etat et les intérêts de nos concitoyens.

La décision de protéger le peuple, avec ses différentes composantes, est une décision irréversible et dont nous ne dévierons point. Partant de la solidité des liens de confiance liant le peuple à son Armée, nous avons donné des instructions claires et sans équivoques pour la protection des citoyens, notamment lors des marches. Cependant, nous attendons, en contrepartie, de la part de notre peuple d’éviter le recours à la violence, de préserver les biens publics et privés et d’éviter d’entraver les intérêts des citoyens. Je tiens à souligner dans ce cadre la nécessité du respect total des symboles de l’Etat, à leur tête l’emblème national, en ce qu’il représente comme une symbolique sacrée de l’unité de la nation et du peuple et des sacrifices des générations à travers l’histoire. Et nous sommes fermement convaincus que notre peuple sera à la hauteur de l’image civilisée et prestigieuse que lui a réservé l’histoire et que les différents médias ont relayé à travers le monde".

"J’espère que cet appel trouve l’écho escompté auprès de toutes les composantes de notre cher peuple, car il émane du Haut Commandement de l’Armée Nationale Populaire, partant de son dévouement au message des Chouhada de la Révolution et du devoir national, et pour avoir partagé la souffrance du peuple et veillé à construire une armée puissante et moderne, maitrisant les technologies les plus sophistiqués. Ceci a été concrétisé de manière effective et sur le terrain, par l’ancrage des valeurs d’allégeance et de loyauté envers la Patrie dans les esprits et les comportements des éléments des Forces Armées. Une armée professionnelle de par ses effectifs, ses matériels et sa disponibilité, équipée des armes les plus modernes, destinées à faire face aux ennemis de la Nation et non pas contre son peuple. Une armée qui ne prend aucune décision au désavantage du peuple et de la patrie et qui veille à ce qu’aucune goutte de sang algérien ne soit versée, n’en déplaise aux parties hostiles, qui sont dérangées par le caractère pacifique des marches. L’Algérie est entre des mains sûres grâce à des hommes dévoués prêts à défendre leur pays quel qu’en soit le prix.

Nous, en tant que Haut Commandement de l’Armée Nationale Populaire et face à la responsabilité historique que nous assumons, nous respectons parfaitement les dispositions de la Constitution pour la conduite de la transition, et je voudrais réitérer que toutes les perspectives possibles restent ouvertes afin de surpasser les difficultés et trouver une solution à la crise dans les meilleurs délais, de façon à servir l’intérêt suprême de la patrie, sans égard à l’intérêt des individus et que nous n’avons aucune autre ambition que celle de protéger la patrie, faire régner la sécurité et la stabilité et préserver l’image de marque du pays, comme l’auraient voulu nos vaillants martyrs et qu’Allah m’en soit témoin".

Le 16/04/2019 à 14h45, mis à jour le 16/04/2019 à 14h50