Regroupée au sein du Pacte pour l’alternative démocratique (PAD), cette coalition de l’opposition va débattre de la situation politique après le scrutin présidentiel du 12 décembre, rejeté par le “Hirak” mais qui a abouti à l‘élection d’un nouveau chef d’Etat, Abdelmadjid Tebboune.
Le PAD s’est constitué après le départ du président Abdelaziz Bouteflika, en avril dernier, forcé de démissionner sous la pression populaire, afin d‘élaborer un cadre au changement du “système” en place depuis l’indépendance du pays en 1962, notamment via la mise sur pied d’institutions de transition.
Il comprend notamment le Front des forces socialistes (FFS) et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RDC), deux partis d’opposition, mais aussi la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH) ou le Rassemblement Action Jeunesse (RAJ), dont le président est actuellement incarcéré.
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“Ces assises constitueront une étape de convergence de toutes les forces de l’alternative démocratique en vue de la tenue d’une conférence nationale indépendante du pouvoir”, souligne le PAD dans un communiqué.
“Elles seront ouvertes à tous ceux et toutes celles qui adhèrent au projet de l’incontournable transition démocratique et qui rejettent la mascarade de la dernière présidentielle et l’opération politique en cours qui, par le biais de “consultations” et de “révision constitutionnelle”, vise à légitimer le même pouvoir de fait”, invite le communiqué.
“De la contestation à la proposition”
En réponse à la vague de protestation, M. Tebboune, 74 ans, un ancien fidèle de Bouteflika, dit prôner le dialogue.
Il a promis une réforme de la Constitution et un comité d’experts a été instauré à cet effet.
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Le président algérien, qui s’efforce de s’attirer les bonnes grâces du “Hirak”, a entamé des consultations avec des personnalités politiques- dont certaines réputées proches de la contestation -afin de parvenir à la promulgation d’une “Constitution consensuelle” qui serait soumise à référendum.
Selon Tebboune, “l’avis de tous sera pris en compte en ce qui concerne la méthodologie à suivre, mais également les problèmes dont souffre le pays”.
En outre, 94 personnes détenues pour des faits liées au “Hirak” ont été remises en liberté ces dernières semaines, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), dans un apparent geste d’apaisement. Mais 124 restent emprisonnées.
Si, à l’approche du 1er anniversaire du “Hirak”, le 22 février, la mobilisation demeure importante chaque semaine à Alger et dans certaines villes de province, elle marque le pas par rapport aux manifestations monstres du printemps 2019 ou encore comparée aux cortèges ayant précédé la dernière présidentielle.
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Dans ses rangs même, beaucoup s’interrogent sur la direction que doit prendre aujourd’hui ce mouvement sans structure formelle, pluriel et pacifique.
“Le Hirak a commencé comme un mouvement de contestation pure. Au bout d’un an, il semble devoir passer de la contestation à la proposition”, explique à l’AFP Louisa Aït Hamadouche, professeur en sciences politiques à l’université d’Alger.
Pour cette politologue, la constitution de collectifs ou de regroupements de l’opposition “a pour point commun d’oeuvrer à une véritable transition démocratique et un changement profond du système de gouvernance”.
“Ces initiatives n’ont pas pour but de structurer le mouvement, mais s’inscrivent toutes dans l’objectif d’une révolution pacifique visant à changer de système”, renchérit Abdelkader Kacher, professeur de droit constitutionnel à l’université de Tizi Ouzou.
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A côté des “assises pour l’alternative démocratique” du PAD, un collectif d’intellectuels vient de lancer un appel pour organiser “une conférence nationale fédératrice” du “Hirak”. Parmi eux, figure Lakhdar Bouregaâ, 86 ans, vétéran très respecté de la Guerre d’indépendance, libéré de prison début janvier après sept mois de détention.
Les signataires de cet appel, au nombre de 120 (universitaires, avocats, journalistes, étudiants) ambitionnent de faire “converger toutes les initiatives” des parties liées au mouvement de contestation.
“Ces forces émergentes aujourd’hui sont les embryons des partis, syndicats et organisations de demain. Il est naturel et salutaire que le Hirak permette la naissance d’une nouvelle classe politique”, analyse Mme Aït Hamadouche.