Quel sera l'impact du coronavirus sur les économies africaines? C'est la question qui revient chez beaucoup d'analystes depuis l'apparition de la maladie en Chine et que les cas de plus en plus nombreux sur le continent continuent de soulever.
La Commission économique pour l'Afrique (CEA), organisme des Nations Unies basé à Addis-Abeba, au siège de l'Union africaine, vient de publier une étude, ce samedi 14 mars, pour apporter quelques réponses.
La principale conclusion est que le coronavirus devrait coûter près la moitié de la croissance qui était attendue en 2020. "Le coronavirus est un nouveau coup dur pour l'économie africaine. La croissance prévisionnelle passe de 3,2% à 1,8% en 2020", écrit la CEA. Cela correspond à 29 milliards de dollars de richesse créée en moins.
Outre la croissance, l'impact du coronavirus va se refléter essentiellement à travers les tensions budgétaires qu'il crée. A ce niveau, l'Egypte et l'Algérie vont le plus souffrir, avec des déficits respectifs estimés à 8% et 7,6% pour ces deux pays d'Afrique du Nord. Cela va également aggraver l'endettement public qui va atteindre 84,9% pour l'Egypte et 46,1% pour l'Algérie. Rien d'étonnant, si l'on sait que les deux secteurs les plus touchés sont ceux des hydrocarbures et du tourisme qui sont les socles respectifs sur lesquels reposent les économies algérienne et égyptienne.
Quatre autres grandes économies du continent auront un déficit budgétaire supérieur à 5%. Il s'agit notamment du Kenya, du Mozambique, de l'Afrique du sud et du Ghana.
La CEA a également rappelé l'impact des précédentes crises de 2008 et 2014 sur le secteur du tourisme, notamment pour l'Egypte, le Maroc, l'Ethiopie, le Kenya, Maurice et la Tunisie. L'Egypte et le Maroc sont évidemment, les deux pays les plus exposés compte tenu de l'importance de leurs recettes touristiques et du poids de ce secteur dans leur économie.
L'impact est à la fois au niveau des échanges commerciaux et à celui des investissements. En effet, les économies africaines seront directement affectées par la baisse des exportations vers la Chine tout comme celle des importations en provenance de l'empire du milieu. Il y a lieu de noter qu'actuellement il y a une forte réduction de la consommation de matières premières telles que le pétrole, les terres rares et autres métaux précieux ou métaux de base.
En parallèle, la baisse de la croissance africaine va également s'expliquer par l'impact sur le secteur touristique pour des pays comme l'Egypte, le Maroc, la Tunisie, l'Afrique du Sud, le Kenya, voire le Sénégal et la Côte d'Ivoire. De même, durant cette période d'incertitude, les transferts des expatriés africains vers le reste du monde ne feront que diminuer.
S'agissant des investissements étrangers directs (IED), il y a également lieu de s'attendre à leur forte diminution.
Pays | Déficit Budgétaire (%PIB) | Dette (% PIB) |
Egypt, Arab Rep. | -8.0 | 84.9 |
Algeria | -7.6 | 46.1 |
Kenya | -7.2 | 61.6 |
Mozambique | -6.1 | 108.8 |
South Africa | -5.9 | 55.9 |
Ghana | -5.0 | 63.8 |
Zambia | -4.6 | 91.6 |
Cote d'Ivoire | -3.2 | 52.7 |
Ethiopia | -2.7 | 59.1 |
Nigeria | -2.6 | 55.8 |
Angola | 0.7 | 95.0 |